
L’imam Mahmoud Dicko, ancien président du Haut Conseil islamique et figure centrale du Mouvement du 5 Juin–Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) en 2020, est récemment sorti de son silence à travers une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux. Depuis son exil en Algérie, l’ex-autorité morale du M5-RFP a expliqué les raisons de son choix de prendre le leadership de la Coalition des Forces de Résistance (CFR), une coalition créée par des compatriotes, pour la plupart établis à l’étranger.
Dans cette intervention, l’imam Dicko a affirmé que la création de la CFR s’inscrit exclusivement dans une dynamique de paix, d’unité et de réconciliation nationale. Selon lui, cette coalition regroupe « plusieurs personnes et entités » animées par une même volonté : permettre aux Maliens de se parler et de se retrouver autour de l’essentiel. « Tout ce qui peut unir les Maliens, je suis dedans », a-t-il déclaré, justifiant ainsi son engagement et son accompagnement à la CFR.
L’imam a également exprimé sa solidarité avec les victimes du terrorisme au Mali, assurant prier pour la stabilité et la sécurité du pays. Il a insisté sur le fait qu’il ne soutiendra jamais une quelconque entreprise visant à déstabiliser la nation malienne, réaffirmant son attachement à la paix et à la cohésion sociale.
Revenant sur son exil, Mahmoud Dicko a révélé qu’un retour au pays avait été envisagé à un moment donné. Toutefois, ce projet aurait été suspendu à la suite de mises en garde émanant de certaines personnes, qui lui auraient conseillé de surseoir à son retour afin d’éviter des risques de violences. Selon lui, plus d’un millier de personnes s’apprêtaient à l’accueillir dès l’aéroport. L’imam a toutefois estimé qu’aucun Malien ne devrait être interdit de retour dans son pays, même en cas de faute grave, soulignant que toute personne peut être mise à la disposition de la justice si nécessaire.
Dans un ton conciliant, il a déclaré pardonner à tous, y compris à ceux qui l’ont calomnié ou critiqué. Il a par ailleurs appelé à une approche apaisée du pouvoir, estimant que les dirigeants actuels sont « des fils et des petits-fils du pays » qui doivent être conseillés, accompagnés et soutenus dans l’exercice de leurs responsabilités, plutôt que combattus.
Malgré cette posture, l’engagement de Mahmoud Dicko au sein de la CFR ne fait pas l’unanimité. Une partie de ses anciens soutiens du M5-RFP de 2020 ne le suivent plus dans cette nouvelle orientation. Certains vont jusqu’à l’inviter à revenir sur sa décision, estimant que ce combat diffère de celui mené lors de la contestation populaire contre l’ancien régime.
Face aux critiques, l’imam se veut constant. Il qualifie la CFR de projet noble, centrée sur la paix et la réconciliation nationale, et réaffirme sa détermination à l’accompagner. Pour lui, le contexte actuel impose un dialogue inclusif entre Maliens, condition indispensable à la sortie durable de crise.
Adama Tounkara