Accueil Interview Ibrahima Keita, Dg Kafo Jiginew : « La reprise des activités dans nos 153 guichets et agences est effective»

Ibrahima Keita, Dg Kafo Jiginew : « La reprise des activités dans nos 153 guichets et agences est effective»

by Nandi
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Le 10 novembre 2025 dernier, un incendie s’est déclenché au siège de Kafo Jiginew. Le Directeur général, dans l’entretien qui suit, fait le point, rassure les sociétaires et montre la vision d’avenir. Entretien.

Mali-Tribune : Quelles ont été les premières mesures prises par la Direction dès le déclenchement de l’incendie ?

Ibrahima Kéita : Tout d’abord j’aimerais rendre grâce au bon Dieu, mais aussi mercier le ministère de la sécurité à travers le service des sapeurs-pompiers. Quand le feu s’est déclenché, c’était à partir de la surchauffe du groupe électrogène dans l’arrière cours du bâtiment, d’une capacité de plus de 600 litres de gas-oil selon l’expertise. C’est ainsi que les deux véhicules un Pickup et un Fortuner) stationnés juste à côté du groupe et contenant chacun près de 80 litres de gas-oil ont d’abord pris feu à cause de la très forte chaleur dégagée par le groupe électrogène en état de surchauffe assez avancée. Le feu s’est ensuite propagé pour atteindre le groupe lui-même contenant plus de 600 l de gas-oil, une barrique remplie de 200 litres de gas-oil pour palier à une panne sèche du groupe et une dizaine de moto du personnel. (En effet, quelques bariques vides étaient visibles et servaient juste du transport de gas-oil pour approvisionner le groupe électrogène en cette période de pénurie).

La toute première mesure, c’était de faire appel aux sapeurs-pompiers, qui ont répondus très promptement en déployant d’importants moyens humains et de matériels adéquats et agissant avec beaucoup de courage et de professionnalisme en sauvant d’abord la vie de deux ouvriers qui installaient les panneaux solaires sur le toit au 3ème étage et soudain pris au piège par la forte intensité de la flamme. Dieu merci, le feu a été aussi très vite circonscrit limitant considérablement les dégâts matériels et sans aucune perte en vie humaine, ni de personne blessée.

 Mali-Tribune : Les données financières et personnelles ont-elles été protégées ?

I. K. : Oui ! Heureusement ! Depuis quelques années, Kafo-Jikinew a amorcé une très forte modernisation de son système d’information et de gestion permettant d’amorcer une digitalisation assez avancée de ses produits et services offerts à sa clientèle. A titre de rappel, depuis le 8 janvier 2004, sous la haute présidence du ministre de l’Industrie et du Commerce M. Moussa Alassane Diallo, nous avons lancé la digitalisation de nos produits et services digitaux.

Nos données ont pu être sauvées grâce à un centre de réplication des données où pratiquement toutes les données sont répliquées. Grâce à l’ingéniosité, à l’engagement et au courage de notre département informatique avec à sa tête M. Oscar Koné, nous avons travaillé d’arrache-pied à partir du centre de duplication et en un laps de temps, pour régénérer toutes les données, jusqu’à la dernière opération avant l’incendie, facilitant la reprise du service à la clientèle dans les 153 guichets et agences. Sinon, je rappelle que le dégât matériel qui a beaucoup coûté cher à l’institution est bien l’atteinte de la salle serveur ayant entrainé une interruption du service dans les guichets de quelques jours.

Mali-Tribune : Quels dispositifs de sécurité supplémentaires envisagez-vous pour renforcer la protection des données et des infrastructures ?

I. K.  : Selon l’expert, le feu serait parti de la surchauffe du groupe électrogène. Nous étions déjà en train de migrer vers l’énergie solaire. L’incendie a d’ailleurs surpris les techniciens qui posaient les panneaux sur le toit !

Nous allons intensifier les investissements dans le solaire pour réduire notre dépendance du groupe électrogène.

Nous allons aussi renforcer et améliorer le centre physique de réplication des données à travers un autre système de réplication plus innovent qui est le cloud à partir de data center au Mali où en dehors du Mali.

Aussi, nous allons continuer à innover le service à travers la digitalisation pour rendre plus accessible et permanent le service à la clientèle sans se rendre aux guichets comme « Jiginew Taamana » et la Bank To Walette avec Orange Money et Samey. Nous avons aussi rendu facile les opérations de la clientèle aux guichets et dans nos agences par le mode opératoire « USSD » à travers le téléphone qui n’a ni une exigence d’électricité, encore moins de groupe électrogène, ni d’ordinateur pour la connexion internet.

Mali-Tribune : Comment avez-vous réussi à reprendre les activités de manière aussi rapide après l’incident ?

I. K.  : Il y a ce qu’on appelle, dans notre jargon, le plan de continuité de l’activité globale (le PCA). Et dans ce plan de continuité, il y a des centres de réplication, des bureaux aménagés ailleurs, qui contiennent l’administration complète et autres services, pour poursuivre les activités administratives. Grâce à ce plan de continuité de l’activité globale, dès le lendemain, les guichets sont ouverts pour des opérations assez limitées. En plus, ce qui a aussi beaucoup facilité les choses, c’est notre très forte digitalisation.

La digitalisation a beaucoup facilité aussi les choses, car, dès la reprise totale des services à la clientèle aux guichets et agences et malgré l’absence de l’électricité et de groupe électrogène, les opérations sont rendus possibles grâce à notre système SSD avec satisfaction.

Mali-Tribune : Les 153 points de service fonctionnent-ils aujourd’hui normalement ?

I. K.  : Effectivement, nos 153 points de service ont commencé à fonctionner graduellement depuis la semaine du sinistre et tous les 153 guichets et agences ont commencé à fonctionner normalement depuis le lundi 17 novembre 2025. Le léger retard de la reprise effective des opérations aux guichets est en partie lié à quelques soucis de connexions au niveau de notre centre de réplication dans notre agence à Sogoniko qui ne sont pas liés à Kafo-Jiginew.

Malgré la perturbation de la connexion internet, qui est un facteur exogène, certains de nos guichets et agences dotés de notre connexion internet local à travers nos grandes antennes BLR ont pu être opérationnelle avant les autres. Cependant, au moment où nous parlons, ce problème de connexion aussi est résolu et les 153 guichets et agences sont opérationnels depuis le lundi 17 novembre 2025.

 Mali-Tribune : Quel rôle ont joué les autorités publiques dans la gestion de la crise ?

I. K.  : Je commencerai toujours, par saluer le professionnalisme des sapeurs-pompiers, qui n’ont ménagé aucun effort pour limiter les dégâts. Grâce à leur intervention rapide avec le déploiement d’un moyen humain important et d’un moyen matériel important et adéquat, ayant permis de circonscrire le feu très vite pour limiter considérablement les dégâts matériels et sans aucune perte en vie humaine ni de personne blessée.

Permettez-moi également de remercier très sincèrement le ministre de l’économie et des finances. Au lendemain du sinistre, déjà, le ministre s’est rendu sur les lieux pour nous témoigner de sa solidarité, rassurer les clients d’une reprise rapide du service et nous prodiguer des conseils.

Le ministre des finances a cru en nous, à la capacité de Kafo-Jiginew à relever le défi. Je pense que sa visite et son allocution à cette occasion ont été un déclic, même pour nos dirigeants, de sortir d’une certaine dissipation, d’un certain stress, pour faire face à l’essentiel.

Parce que, en tant que premier responsable de notre tutelle, quand il vient nous rassurer, nous témoigner de sa compassion, de son soutien, c’est comme si un véhicule qui s’embourbe reçoit des bras valides pour le pousser à sortir.

La présence du ministre de l’Économie et des Finances, avec son soutien, avec sa compassion, avec ses conseils, a été un déclic pour en arriver à tout ça. Il y a aussi le ministre de l’Industrie et du Commerce, qui aussi a emboîté dans le même pas. Nous avons reçu aussi le directeur national de la microfinance, ainsi que le coordonnateur de la Cellule de Promotion et d’Appui des Systèmes Financiers Décentralisés (CPA/SFD) et d’autres personnalités, qui, tous, nous ont encouragé et soutenus.

Nos remerciements vont également aux autorités monétaires à travers la BCEAO pour le Mali dont plusieurs responsables nous ont appelé pour nous soutenir et nous prodiguer des sages conseils.

Nous en oublions volontiers que toutes et tous retrouvent ici notre gratitude.

 Mali-Tribune : Comment vos partenaires techniques et financiers ont-ils réagi ? Ont-ils apporté un soutien particulier ?

I. K.  : Tous les partenaires techniques et financiers nous ont soutenus, tantôt avec même des moyens humains. C’est le lieu pour moi de remercier notre confrère Nyesigiso qui nous a non seulement attribué des serveurs, mais, dont le directeur du système d’information s’est joint à nous le lendemain depuis 7h du matin pour travailler d’arrache-pied afin que nous puissions vraiment sortir de cette situation. Nos remerciements vont également à l’AP/SFD à travers le déplacement de son nouveau Président (DG de Caece) et de son Directeur. 

Toutes les banques nous ont soit appelé, soit sont venues nous exprimer leur compassion, leur soutien.

Nous remercions très particulièrement « Sunu Assurance » en charge de l’assurance du bâtiment de par son sens très élevé de responsabilité et l’humanisme de ces dirigeants qui sont arrivés très promptement le même jour pour nous témoigner de leur solidarité. Aussi, ils ont fait la diligence de l’expertise dès le lendemain du sinistre

Même à l’extérieur, les autres partenaires techniques et financiers, nous avons eu les courriers, les appels. Et n’oublions pas la presse écrite et audiovisuelle.

Même les clients ! Durant ces moments, au lieu d’en faire un problème, n’ayant pas accès pendant quelques jours à leurs ressources, ils nous ont accompagné, ont compati à notre douleur. Nous ne nous sommes pas sentis seuls.

Nous félicitons et remercions énormément toute la population malienne, mais principalement les salariés. Tout le monde s’est mobilisé comme un seul homme.

Nous profitons de cette tribune pour remercier aussi notre Confédération des Institutions Financières d’Afrique de l’Ouest dénommé (CIF-AO) dont le siège est à Ougadougou à travers la visite d’une forte équipe dirigée par son PCA, sont vice PCA et son Directeur générale, venus respectivement du Bénin, du Sénégal et du Burkina Faso, pour nous témoigner de leur soutien et de leur compassion et bénédiction. C’est bien grâce à la résultante de tous ces efforts que nous y sommes parvenus à ce résultat très satisfaisant. Nous disons merci et encore merci à toutes et à tous.

 Mali-Tribune : Cette épreuve influencera-t-elle votre politique en matière de digitalisation et de l’assurance de vos infrastructures ?

I. K.  : Bien évidemment, l’objectif final de notre modernisation et de digitalisation est de transformer notre institution à une véritable banque à distance. Une banque à distance, ça veut dire que la présence physique au guichet n’est plus indispensable. Je pense que nous avons bien amorcé cette trajectoire.

Nous allons l’accélérer. Si vous voyez que nous avons pu reprendre rapidement, c’est grâce à cela. Nous allons beaucoup travailler conformément à notre plan stratégique quinquennal 2024-2028 pour que les clients, en dehors des guichets, à partir de chez eux, dans leurs bureaux, leurs champs, puissent accéder à leurs comptes, déposer, retirer de l’argent. Sans se déplacer dans les guichets et avoir accès aux autres services tels que le crédit et les transferts etc.

La pénurie de carburants, la crise énergétique, ont fait que notre digitalisation a porté avec la mise en place du système opératoire SSD qui ne sont pas liés à la connexion, ni à l’électricité. Dès lors que le client a un téléphone, même non Android, il peut passer avoir accès à son épargne 24/24 et 30 jours/30.

Notre code SSD, est le ♯466♯1. A partir de là, les opérations de dépôt et de retrait des membres n nos guichets et agences sont rendues possibles limitant considérablement notre dépendance à l’électricité et au fonctionnement des groupes électrogènes dans nos guichets et agences pour servir les clients.

L’avenir impose d’aller vers la banque à distance. Nous sommes dans un monde interconnecté, la clientèle de demain, avec le développement des nouvelles technologies, n’aura pas de temps à perdre dans des files d’attentes des guichets. Il nous faut donc anticiper à l’instar d’ailleurs de l’interopérabilité de la Bcéao rendant les compassassions plus instantanées et plus fluides entre tous les acteurs de la finance (Banques, institutions de microfinance et Fintech etc.).

Nous ne s’aurons terminer sans prier pour le retour très rapide de la paix, de la quiétude et de la cohésion sociale pour notre pays et pour le reste du monde sans lesquels aucune œuvre de développement pour le bien-être de l’humanité n’est possible.

Propos recueillis par

Alexis Kalambry

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