
Plus de 1000 containers maliens sont bloqués au Port autonome de Dakar par manque de camions. Cette crise est consécutive à l’interdiction des camions aux dimensions jugées hors-normes. Les frais de magasinage pleuvent. Une mission est en route sur Dakar pour dénouer la situation.
En avril 2025, l’interdiction des véhicules de transport de marchandises hors norme est officiellement entrée en vigueur dans notre pays avec une application stricte fixée au 15 mai 2025. La décision gouvernementale est conforme à l’application intégrale des dispositions de l’article 32 du décret n°2023-0509 du 12 septembre 2023 fixant les conditions de l’usage des voies ouvertes à la circulation publique et la mise à la circulation des véhicules. Elle est également en phase avec le règlement n°14 de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa).
Cette mesure, dont la violation est passible de sanctions, vise, selon les ministères des Transports et des Infrastructures, de l’Economie et des Finances, à protéger les routes contre les dégradations créées par les surcharges de véhicules hors gabarit, mais aussi à booster les recettes douanières.
Près de six mois après, des difficultés d’application surgissent sur le terrain. Le Sénégal, principal port de destination du fret malien, regorge d’un parc de camions à gabarit excédentaire. Ce genre de camions mesurant 23 mètres de long, est stationné à la frontière au risque de violer la nouvelle mesure d’interdiction. Soit le propriétaire accepte de couper son véhicule pour l’adapter à la norme de 18 mètres, soit il transborde les marchandises dans un autre camion aux normes requises.
Les transporteurs sénégalais avec leur parc contenant des milliers de véhicules, rechignent à acheminer le fret malien dans les nouvelles conditions. Cependant, il est difficile pour le peu de camions maliens, respectant la nouvelle réglementation, d’assurer le trafic.
Des commerçants maliens ont adopté des solutions de fortune se contentant des camions à palette destinés au transport du ciment. Le risque à ce niveau est grand pour des produits périssables comme les tissus, certaines denrées alimentaires comme le sucre, etc.
Selon les derniers chiffres, 1526 conteneurs sont en souffrance au Port autonome de Dakar. Faute de moyens de transport adéquats, les frais de magasinage et de surestaries grimpent jour après jour. Ils sont estimés à des milliards de F CFA quand on sait que des opérateurs économiques doivent à ce jour plus de 700 millions de F CFA au Port comme frais de magasinage.
Une mission conjointe de haut niveau est en route ce mois-ci pour Dakar. Elle est initiée et pilotée par le ministère des Transport et des Infrastructures avec les services techniques des douanes, des transports et des chambres consulaires : la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (Ccim), le Conseil malien des chargeurs (CMC) et le Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR).
Avec la partie sénégalaise et les acteurs portuaires, l’évacuation des containers stockés au Port de Dakar et les mesures concernant les frais de magasinage et les surestaries devraient figurer dans les discussions.
Abdrahamane Dicko