
Dans les grandes villes du Mali, la consommation de drogues chez les jeunes est devenue une réalité alarmante. Derrière les promesses de modernité, de réussite et d’emploi, se cache une crise silencieuse : cannabis, tramadol, cocaïne et autres substances locales séduisent une jeunesse en quête de repères. Ce phénomène traverse toutes les couches sociales et menace l’équilibre familial, l’éducation et l’avenir du pays.
Plusieurs causes expliquent cette montée inquiétante : le chômage et la pauvreté font que beaucoup de jeunes migrent vers les villes avec l’espoir de trouver un emploi. Face au manque d’opportunités, certains sombrent dans le désespoir et cherchent l’oubli dans la drogue.
La pression sociale et l’influence du groupe joue aussi un pan important. Pour être acceptés, certains jeunes imitent leurs pairs. L’effet de mimétisme est renforcé par la présence de consommateurs dans leur entourage, comme le souligne Dr. Daouda Guindo, psychologue.
La musique, les films et les réseaux sociaux banalisent la consommation, la présentant comme une expérience normale ou valorisante.
Selon Dr. Guindo, la facilité d’accès aux drogues dans les quartiers urbains est un facteur souvent ignoré mais déterminant. Il appelle à une régulation plus stricte.
Les conséquences : une spirale destructrice
La consommation de drogues entraîne une dépendance et troubles mentaux, maladies graves (cancer de la gorge, troubles de mémoire, dysfonctionnements cognitifs), abandon scolaire et chômage prolongé, délinquance, isolement social et rejet familial et complications physiques et psychologiques (troubles du sommeil, perte d’appétit, agressivité).
Le psychologue Guindo insiste sur les effets sociaux. « Le consommateur perd sa capacité à créer des liens sociaux. Il est souvent rejeté par sa famille et son entourage, ce qui aggrave son isolement ».
Zepe, ancien consommateur, lance un appel. « La drogue ne donne rien de bon. Elle pousse à voler, rend agressif, coupe l’appétit et détruit les organes. Les maladies qu’elle cause sont innombrables », témoigne-t-il. Bourama Sylla, également ancien consommateur, témoigne.
« Elle m’a détruit mentalement et physiquement. Je mange peu, je deviens calme sans raison. L’argent gaspillé aurait pu servir à construire quelque chose de durable », regrette-t-il.
Que faire face à ce fléau ?
Le psychologue Guindo propose plusieurs pistes. Il propose de renforcer les contrôles pour limiter l’accès aux substances, multiplier les initiatives de prévention, encourager le dialogue familial et orienter les jeunes vers des spécialistes (psychologues, psychiatres) pour les accompagner.
« La lutte contre la drogue ne doit pas se limiter à la répression. Elle doit passer par l’écoute, la sensibilisation et la création d’alternatives concrètes qui redonnent de l’espoir à une jeunesse en détresse « , conclu-t-il.
Assitan Coulibaly
(stagiaire)