
L’Union des Radiodiffusions et Télévisions Libres du Mali (URTEL), en collaboration avec Reporters Sans Frontières (RSF) du Sahel, a organisé un atelier de formation de deux jours, du 23 au 24 septembre 2024, à la Maison de la Presse, portant sur la sécurité des journalistes. Cet atelier, qui a réuni une vingtaine de participants venus de Bamako, Koulikoro, Ségou, Mopti, Douentza et Gao, visait à renforcer les compétences des professionnels des médias pour mieux gérer les situations de crise.
Aujourd’hui, il est très difficile pour chacun de se faire connaître sur l’ensemble du territoire national, en particulier dans la région du Sahel. Ainsi, cette initiative symbolise le début de notre engagement et la prise de conscience nécessaire pour défendre ce métier noble, et revendiquer nos droits légitimes, notamment la liberté de mouvement. Nous aspirons à pouvoir exercer notre profession de manière adéquate, afin de continuer à servir les milliers d’auditeurs et de téléspectateurs qui nous suivent, non seulement dans le Sahel, mais également à travers le monde entier. C’est dans ce contexte que l’ensemble des radios communautaires du Sahel se sont unies et ont joint leurs forces pour lancer cet appel. Désormais, nous sommes tous les porte-parole de cet appel, et il sera relayé là où il le faut, pour rétablir les droits de chacun. Cela contribuera au bien-être de toute la presse malienne, car aucun développement n’est possible sans sécurité, et rien ne peut être accompli sans celle-ci, a souligné le président de l’URTEL.
Quant au Responsable du bureau subsaharien de Reporters Sans Frontières, Sadibou Merong, affirme que les priorités, adressées aux autorités politiques de la région, en particulier celles qui gouvernent les pays concernés, portent sur la protection des journalistes locaux et de proximité. Aujourd’hui, que ce soit le caméraman en face de moi, le monteur ou l’animateur des radios communautaires, tous sont concernés de la même manière. Il est donc essentiel d’insister sur ce point. Nous avons mobilisé 547 radios, avec l’appui de l’URTEL et travaillé avec 137 radios situées dans des zones d’insécurité. En tant que journalistes, nous exerçons un métier d’intérêt public, qui comporte des risques. Nous demandons ainsi aux autorités d’intervenir chaque fois que des journalistes se retrouvent en situation difficile. Notre mission est d’informer tout en respectant les principes fondamentaux de notre profession.
Lors de ces deux jours de formation, le formateur Mahamadou Talata Maïga a mis l’accent sur plusieurs points clés.
Il a expliqué que la violence culturelle englobe les formes de culture qui légitiment ou glorifient la violence, telles que les discours de haine, la justification religieuse des conflits ou l’exaltation de héros de guerre à travers des mythes et légendes. L’intolérance religieuse envers les croyances et coutumes d’autrui, ainsi que la discrimination fondée sur le sexe, qui soutient des pratiques nuisibles aux femmes, sont également des exemples de violence culturelle.
Ensuite, il a souligné que le bon journalisme canalise la communication. En effet, les médias de masse représentent souvent les principaux canaux de communication entre les parties prenantes d’un conflit. Si certains protagonistes peuvent utiliser les médias pour diffuser des messages intimidants, ils servent aussi d’intermédiaires privilégiés pour engager le dialogue.
Enfin, il a insisté sur l’importance pour chaque camp de comprendre les difficultés de l’autre afin de progresser vers une réconciliation. Un journalisme qui explore en profondeur les défis spécifiques de chaque partie, qu’ils soient politiques ou liés à des intérêts majeurs, peut informer l’autre camp et l’encourager à éviter des solutions simplistes et immédiates.
L’atelier s’est conclu par la lecture du communiqué des Radios Communautaires du Sahel, prononcée par Ousmane Touré, directeur de la radio Naata de Gao :
L’APPEL DES RADIOS COMMUNAUTAIRES DU SAHEL
Nous, signataires de l’Appel pour la protection et le soutien aux radios communautaires du Sahel….
- Considérant les risques croissants auxquels sont exposés les journalistes des radios communautaires au Sahel,
- Considérant leur rôle prépondérant de rempart contre la désinformation, notamment dans certaines zones devenues inaccessibles pour de nombreux médias.
- Considérant la popularité et le rôle joué depuis des décennies par les radios communautaires dans la promotion du droit à l’information,
- Considérant la nécessité de ce journalisme de proximité informant en langues locales et nationales,
- Considérant la diversité des expressions culturelles représentées au sein des programmes des radios communautaires,
- Considérant le modèle économique peu viable des radios communautaires.
Nous radios communautaires appelons les autorités politiques des pays du Sahel
- A lutter contre 1’impunité des crimes commis contre les journalistes des radios communautaires en ouvrant systématiquement des enquêtes pour que ces assassinats ne restent pas impunis.
- A briser le silence sur le sort des journalistes de radios communautaires enlevés par les bandes armées et agir pour obtenir leur libération ;
- A contribuer à la reconstruction des locaux de radios communautaires détruits par des attaques et à les soutenir dans la reconstitution de leurs matériels professionnels ;
- A former les équipes des radios communautaires à la sécurité physique ;
- A reconnaître l’importance des radios communautaires dans les législations sur les médias comme acteurs primordiales du droit à 1’information au Sahel ;
- A accompagner les radios communautaires dans leur travail de tous les jours.
Fait à Bamako, le 24 Septembre 2024
Samba L Cissé