
Au Mali, le blocus des hydrocarbures imposé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM/JNIM) et l’escalade des menaces contre les infrastructures vitales révèlent l’hypocrisie cinglante d’un combat qu’ils prétendent mener au nom de la religion. Le changement de stratégie des groupes terroristes (des cibles économiques désormais visées) est beaucoup plus un aveu d’impuissance face à la pression de plus en plus étouffante des Forces armées maliennes (FAMa).
En ciblant l’électricité, les transports et désormais les ponts essentiels à la survie des populations (Kadiana, Zégoua…), les Groupes armés terroristes (GAT) sont déterminés à plonger le Mali dans le chaos économique et humanitaire, violant délibérément les principes fondamentaux de l’islam qui protègent la vie civile, le commerce et les infrastructures. Toujours est-il que, loin d’être un acte de foi, la crise énergétique et alimentaire actuelle est surtout un aveu de faiblesse tactique au moment où la pression militaire des FAMa (Forces armées maliennes) les pousse à des actes de désespoir aux conséquences dévastatrices pour des millions de musulmans maliens.
Certes, cette flambée des prix précipite des millions de Maliens, majoritairement musulmans, dans une insécurité alimentaire critique. Mais la stratégie vise à créer le chaos social par la faim et non à instaurer « un ordre juste ». Les actions du JNIM (destruction d’infrastructures et blocus du commerce) constituent une violation flagrante des préceptes de l’islam et de la moralité qu’ils prétendent défendre. En effet, l’islam établit des règles strictes en temps de guerre, interdisant le ciblage des civils et de leurs moyens de subsistance. Les préceptes islamiques interdisent ainsi la destruction des écoles, des lieux de culte, des champs, des arbres… Le ciblage des ponts de Kadiana et de Zégoua (essentiels au commerce et à l’aide humanitaire) viole directement le principe de la protection des infrastructures qui profitent à la « Oumma » (communauté).
Affamer ou paralyser la population civile est contraire au concept de Maqasid al-Shari’a (les finalités de la loi islamique), dont le premier objectif est la préservation de la vie (Hifdh an-Nafs). Les érudits musulmans ont toujours souligné la nécessité de protéger les routes et le commerce (tijara) comme moyen de subsistance légal. Le présumé « Jihad économique » du JNIM, en empêchant le flux des marchandises et en faisant flamber les prix, est un acte d’oppression économique contre les plus vulnérables. Un combat mené au nom de l’islam ne peut justifier la famine, le black-out et la destruction des fondations d’une société.
Une réponse au succès militaire des FAMa
La montée en puissance des menaces contre les infrastructures vitales est l’indicateur d’une situation militaire critique pour les groupes armés. Elle met en évidence la supériorité militaire de plus en plus écrasante des Forces de défense et de sécurité (FDS) maliennes. L’escalade des actions de guérilla économique et des menaces de sabotage (ponts de Kadiana/Zégoua) est une tentative de diversion et de riposte face à la pression militaire écrasante des FAMa (Forces armées maliennes). Les défaites et les pertes lourdes subies par les terroristes les obligent à chercher des leviers asymétriques en dehors du champ de bataille conventionnel.
Les actions qui ciblent les ponts d’accès à la frontière ivoirienne (Kadiana et Zégoua) visent à asphyxier les convois militaires et les camions-citernes qui tentent de rétablir l’approvisionnement. En cherchant à isoler et à affamer la capitale, les groupes armés trahissent leur objectif : nous ne sommes plus en face d’une quête de justice religieuse, mais d’actes de terrorisme et de guerre totale contre l’État et les citoyens!
Le Mali est pris au piège non seulement d’une crise sécuritaire, mais aussi d’une crise de l’intelligence stratégique de ses élites passées, qui n’ont pas su construire une résilience énergétique. Cependant, la tactique des groupes armés (faire souffrir les populations au nom d’une cause) est un échec moral et religieux, car elle contraint la population civile à payer le prix fort de la guerre. Face à cela, la véritable bataille du Mali est celle de la résilience et de la souveraineté énergétique, afin de rendre vaine toute tentative d’asphyxie économique.
A.K.D