La peur, l’inquiétude et la souffrance de la population s’intensifient de jour en jour. La crise du carburant au Mali constitue une situation à la fois inédite et dramatique pour l’économie de ce pays, dont plus de 70 % des produits consommés proviennent de l’importation. La ville est pratiquement à l’arrêt en raison de la pénurie de carburant. Certaines stations-service parviennent encore à servir des centaines de clients, tandis que d’autres restent complètement fermées faute d’approvisionnement suffisant. Les usagers patientent des heures, parfois jusqu’à l’aube, dans de longues files d’attente. Certains parcourent plusieurs kilomètres à pied ou à moto pour tenter de trouver du carburant, pendant que d’autres restent bloqués, incapables de se déplacer.
Les attaques répétées contre les camions-citernes sur les routes reliant le Sénégal et la Côte d’Ivoire au Mali ne sont pas le fruit du hasard. Ces actes semblent viser bien plus que la destruction de citernes : ils cherchent à fragiliser le pays et à pousser la population à bout.
Pour Moussa Camara, chauffeur de moto-taxi, la situation devient intenable, au début, on pensait que la crise du carburant était provoquée volontairement par les distributeurs. Mais aujourd’hui, on se rend compte qu’il y a des enjeux politiques derrière tout ça. On passe nos journées dans les files d’attente juste pour pouvoir se déplacer.
Même constat du côté des femmes, lourdement affectées par la situation
Aminata Maïga, mère de famille, raconte que ce n’est pas facile pour nous de faire la queue qui prend souvent toute la journée, parfois la nuit aussi ; et aujourd’hui c’est difficile pour se rend au travail ou accompagner les enfants à l’école. Nous prions qu’Allah nous aide à surmonter cette épreuve et que la paix revienne au pays.
Alors que la population s’épuise, les autorités appellent au calme et promettent de rétablir l’approvisionnement dans les plus brefs délais. En attendant, les Maliens tentent tant bien que mal de s’adapter à cette pénurie qui paralyse le pays et met en lumière sa forte dépendance aux importations régionales.
Youma A Cissé
