Accueil Le Matin Dédommagement des victimes de terrorisme : Un devoir de mémoire et de justice qui s’impose à l’État malien

Dédommagement des victimes de terrorisme : Un devoir de mémoire et de justice qui s’impose à l’État malien

by Nandi
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@ Photo (crédit DR)


Le rugissement des moteurs ne couvre plus les cris de douleur sur les routes du Mali. Chaque attaque djihadiste emporte non seulement des véhicules et des marchandises (le sang de notre économie), mais aussi et surtout des vies humaines : des pères chauffeurs, des jeunes apprentis, des usagers innocents… Le bilan est lourd et la misère des familles endeuillées est une blessure ouverte pour la nation. L’État ne peut plus rester spectateur. Il doit se manifester par la création immédiate d’un Fonds national de solidarité et d’espoir (FNSE) financé par un geste citoyen sur chaque litre de carburant. C’est un devoir de mémoire et de justice qui s’impose à la nation entière.

La recrudescence du terrorisme ces dernières semaines sur les axes routiers maliens est d’abord une crise humaine. Les chauffeurs et leurs apprentis sont en première ligne, cibles privilégiées des Groupes armés terroristes (GAT). Ils sont souvent tués, enlevés ou laissés pour morts après que leur outil de travail ait été incendié. Ces hommes et ces femmes représentent l’héroïsme silencieux de la nation. Ils bravent le danger quotidiennement pour garantir l’approvisionnement du pays en produits de première nécessité, le carburant notamment, portant ainsi sur leurs épaules le poids de l’enclavement. Leur mort plonge leurs familles (veuves, orphelins…) dans une précarité immédiate, parce que généralement ils ne bénéficient ni de filet social ni d’indemnisation digne de ce nom.

Au-delà des pertes matérielles des compagnies, il faut intégrer dans le bilan les préjudices corporels (blessures, invalidité…) et les préjudices moraux et économiques (perte de soutien familial, frais funéraires, choc psychologique…) subis par les victimes directes et leurs ayants droit. Le coût d’une vie ne se chiffre pas, mais la reconnaissance nationale, si. Ce qui nous met en face d’un double impératif que sont la sécurité et la justice ! La création d’un Fonds national de solidarité et d’espoir (FNSE) ne saurait être un substitut à l’action militaire et sécuritaire. Et cela d’autant plus que l’État doit impérativement réaffirmer son autorité sur le territoire en deux phases indissociables.

La première va consister à rétablir la sécurité (prérequis). Pour mettre fin à la terreur sur les routes maliennes, l’engagement du gouvernement doit être sans équivoque. Il s’agit de garantir que le fonds serve à réparer le passé et non à pallier la continuation du chaos. Le déploiement, l’équipement et la réorganisation des Forces de défense et de sécurité (FDS) pour sécuriser les principaux corridors économiques sont la première preuve de bonne foi et de responsabilité envers la population.

La seconde phase doit permettre d’assurer l’indemnisation (devoir de solidarité). Une fois les routes sous contrôle, le FNSE doit être institué pour une double mission. La première est relative à l’indemnisation économique à travers la réparation des pertes matérielles (véhicules, marchandises) des compagnies de transport privées et autres entreprises (comme détaillé précédemment). La seconde porte sur l’indemnisation humaine, notamment celle des ayants droit (familles) des victimes décédées, ainsi que des victimes blessées ou devenues invalides, en lien avec les standards internationaux d’indemnisation des victimes du terrorisme.

Financement solidaire : Cinq francs pour l’espoir !

L’outil de financement le plus équitable et le plus efficace demeure la « Taxe solidaire » sur les hydrocarbures. Puisque le carburant est essentiel à la circulation et à la survie économique de la nation, une contribution minime de tous les usagers de la route devient un acte de solidarité nationale. Ainsi, la source de financement du FNSE sera une taxe de 5 FCFA par litre de carburant importé (1,3 milliard de litres/an). Elle sera applicable 12 à 18 mois (période limitée et symbolique).

Les recettes attendues sont estimées à environ 6,5 milliards de FCFA par an. Ce fonds doit être affecté aux indemnisations matérielle (véhicules, entreprises) et humaine (familles des défunts, blessés). Les 5 francs CFA ne doivent pas être surtout vus comme un impôt supplémentaire, mais comme le prix de la mémoire et de l’espoir. Ayons toujours à l’esprit que réparer le matériel est nécessaire et indemniser la vie est sacré. C’est le geste civique qui permet à chaque Malien d’apporter sa pierre à la réparation de la nation et d’affirmer que les vies sacrifiées sur les routes ne seront pas vaines.

Le gouvernement malien détient la clé. En sécurisant les routes et en lançant le FNSE, l’État va envoyer un message fort à la fois aux terroristes (la nation ne pliera pas) et à son peuple, lui rappelant qu’il est plus que jamais présent pour le protéger et pour réparer les torts dont il peut être victime.
C’est le moment de transformer la douleur en un élan de solidarité nationale pour reconstruire le Mali, route par route, famille par famille.

Abdoul Karim Dramé

Journaliste et consultant indépendants

P.S : La tiraille est de la rédaction !

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