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Pénurie de carburant : Les autorités doivent « casser » la dynamique des anticipations auto réalisatrices des consommateurs

by Nandi
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Le dérèglement des chaines d’approvisionnement en carburant des grandes villes du Sud du Mali par le fait de groupes de bandits armés a créé des situations de pénurie d’essence et de gasoil dans ces villes. La situation de pénurie est constatée en économie sur le marché d’un produit si sa demande excède son offre de manière durable. Et c’est ce que je constate sur le marché malien du carburant (essence et gasoil) dans certaines grandes villes maliennes depuis deux (2) mois. Malheureusement, la dynamique de la pénurie peine à être résorbée.

Séquences de la pénurie

L’économie positive enseigne que le revenu des acheteurs, le prix du produit, le prix des autres produits (substituables ou complémentaires), le nombre des acheteurs, les préférences des acheteurs, les anticipations des acheteurs, la localisation spatiale du produit sont les principaux déterminants de la demande de ce produit. La demande des produits pétroliers (essence et gasoil par exemple) ne fait pas exception à cette détermination.

Une analyse séquentielle de la situation de pénurie des produits pétroliers dans les villes maliennes me permet de constater que l’attaque des convois de citernes par des bandits armés s’interprète à la lumière des préceptes de l’économie positive par un déplacement de la courbe d’offre – conséquence directe de la baisse du nombre des offreurs des produits pétroliers – ce qui conduit à une baisse des quantités offertes de ces produits pour une demande des consommateurs maliens inchangée.

Après ce premier choc (lié à l’offre), malheureusement, un second choc de demande s’est greffé aux conséquences du déplacement de la courbe d’offre. Il s’agit dans cette nouvelle phase une variation dans les anticipations des consommateurs maliens de produits pétroliers.

Ce changement dans les anticipations des consommateurs s’interprète par une augmentation de la demande (déplacement de la courbe de demande) pour toute offre donnée.

La combinaison de ces deux chocs successifs premièrement une baisse importante de l’offre par rapport à son niveau d’avant crise ; deuxièmement une importante augmentation de la demande impulsée par les anticipations des consommateurs maliens a conduit à la situation de quasi chaos à laquelle les maliens assistent présentement devant les stations-service.

Le venin des anticipations autoréalisatrices

Avant le retour à la normale se traduisant par un déplacement de la courbe d’offre vers son niveau d’équilibre d’avant crise ; je constate que le seul levier que les autorités peuvent actionner est celui de la courbe de demande.

 Dit autrement, elles peuvent déplacer la courbe de demande des produits pétroliers des grandes villes vers sa position d’avant crise. Comment ?

Les autorités maliennes doivent « casser » impérativement les anticipations des consommateurs maliens qui sont principalement des anticipations autoréalisatrices – en se ruant vers les stations-service dans le but d’éviter d’éventuel manque de carburant, les consommateurs maliens de produits pétroliers par un tel comportement contribuent à l’exacerbation de la pénurie – afin d’être capables de déplacer la courbe de demande des produits pétroliers.

« Casser » les anticipations autoréalisatrices

Le coup de grâce peut être porté aux attitudes d’anticipations autoréalisatrices des consommateurs maliens des produits pétroliers principalement par le moyen du rationnement.

Je pense qu’en plus de l’interdiction de l’usage des bidons par les ménages ; les autorités doivent passer à l’étape de fixation de quotas journalier par type d’engin. Par exemple, les voitures personnelles (plaque d’immatriculation à fond blanc, 10 000 F CFA ; plaque d’immatriculation à fond rouge 25 000 F CFA) ; les motos 2000 F CFA pour les Jakarta ; 5000 F CFA pour celles qui interviennent dans la production (Telimani, Kata-Kata-ni etc.) Les camions et autres gros porteurs peuvent être autorisés à faire le plein.

Pour les entreprises, des autorisations spéciales délivrées par leurs différentes chambres doivent leur permettre d’atteindre leurs objectifs quotidiens de demande de carburant.

Les gains du rationnement

Je trouve que la mise en œuvre de telles mesures de rationnement serait utile, car elle permet (1) d’instaurer des comportements de sobriété chez les consommateurs tant voulus par les autorités (2) d’extraire une part importante de la population active malienne de devant les stations-services en les injectant davantage dans la production (3) de réduire significativement le temps de latence des consommateurs devant les stations-service (4) de faire baisser la pression sur les différentes stations-service tout en prolongeant l’intervalle de temps de ravitaillement des stations-service et donc, par ricochet allonger de quelques jours les intervalles de temps pouvant séparer le convoiement des citernes.

Quelle garantie ai-je pour soutenir que « casser » les anticipations autoréalisatrices des consommateurs maliens des produits pétroliers par le mode de rationnement décrit supra marchera ?

La réponse se trouve dans la proposition suivante : les Maliens sont raisonnables pour ne pas dire rationnels et ils ne peuvent que répondre favorablement aux incitations comme tous les consommateurs de par le monde.

Madou Cissé

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