Dans une lettre, dont nous avons pu avoir une copie, le Collectif des employés du contingent allemand de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a tenu à attirer l’attention de l’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Mali sur des cas avérés de violations graves des droits des employés par l’administration dudit contingent basé à Gao.
«Par la présente et dans le souci de préserver l’excellente relation que notre pays a toujours eu avec le vôtre, mais aussi et surtout avec les employés locaux maliens du contingent allemand de la Minusma, nous vous alertons sur la mauvaise image que votre pays voudrait laisser derrière lui à travers des cas avérés de violations graves des droits des employés par l’Administration du contingent allemand basée à Gao», écrit le collectif dans sa correspondance adressée à l’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Mali.
«Nul besoin de vous rappeler à quel point nous avons servi le contingent allemand avec dévouement et loyauté au péril de notre vie. Peut-être que votre pays ne le sait pas encore, vos compatriotes encore moins, mais les militaires allemands basés à Gao peuvent témoigner que nous n’avons jamais failli à notre mission», a-t-il rappelé. En tant que civils, ont indiqué les agents, «nous avons été sur tous les fronts, mené des missions de terrain dans les conditions les plus extrêmes, dans un environnement hostile et dans des conditions climatiques et sécuritaires les plus dangereuses».
Ils ont également indiqué avoir vécu «les mêmes attaques terroristes, frôlé la mort à travers des attaques aux mines artisanales et kamikazes». C’est pourquoi, ils ne pouvaient pas imaginer que «le contingent allemand quitte et arrête nos contrats brusquement sans appliquer correctement la législation malienne en matière de rupture de contrat à durée indéterminée, sans accorder aucune forme de mesures d’accompagnement, sans prévoir la moindre mesure de sécurité pour nous». L’inspecteur du travail de la région de Gao, ont-ils souligné, a relevé des irrégularités après une visite au camp Castor à Gao. Celles-ci portent, entre autres, sur le non-paiement de la prime d’ancienneté (article L97 du Code du travail du Mali), le paiement par les employés de la cotisation part employeur au titre de l’INPS et de l’AMO en violation des dispositions de l’article 197 du Code de prévoyance sociale du Mali, d’où un manque à gagner pour les salariés au niveau de leurs salaires nets pendant plusieurs années.
«Nous réclamons donc le remboursement intégral des montants correspondant à la part patronale injustement déduits de nos salaires durant toutes ces années, le payement de nos droits de licenciement qui doivent impérativement comprendre l’indemnité de préavis de licenciement (dont la durée est fonction de la catégorie de classement de l’employé soit 1,2, 3 mois), l’indemnité de licenciement, l’indemnité spéciale complémentaire correspondant à un mois de salaire brut selon le code de travail malien (article L.48 Point 5), l’indemnité compensatrice de congés payés non jouis», a réclamé le Collectif des employés du contingent allemand de la Minusma.
Pour cette organisation, «l’Allemagne est un grand pays, un pays ami du Mali». D’où la nécessité de «préserver une bonne image de votre pays». Le collectif a tenu à prendre à témoin l’opinion publique malienne et allemande sur ce qui se passe avec les employés locaux maliens. Et de conclure en rappelant que «le salaire est sacré : Mettez-nous dans nos droits. Nous osons croire que toutes ces années de sacrifice ultime à vos côtés ne seront pas vaines» !
Naby
Le Matin
