Pour bénéficier pleinement de la digitalisation, une vigilance s’impose, souligne Ada Diawara, la vice-présidente de la COSCLCCP

Le 19 juillet 2024, au palais de Koulouba, le président de la transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, a procédé au lancement du programme de la digitalisation de l’administration malienne, des moyens de paiement et des services publiques. Ce programme vise à renforcer la transparence, à améliorer la gestion des flux monétaires et favoriser l’inclusion financière. Elle s’applique notamment tels que la délivrance des pièces d’identité, les documents d’état civil ainsi que les frais des tickets et des médicaments dans les hôpitaux entre autre ; pour lutte contre la corruption et l’enregistrement illicite.
L’implication active de la population a cette initiative de digitalisation constitue un facteur clé de réussite ; rendre les services plus accessibles en réduisant les lenteurs administratives, de lutter contre la corruption et de dynamiser l’économie national.
Ce que pense la société civile sur la digitalisation
Pour Hamé Diakité, mécanicien, la disparition des billets représente un atout en terme d’efficacité et de développement économique, en contribuant au bien-être du pays. Selon lui à l’avenir espère qu’un jour le pays parviendra à mettre fin à l’enrichissement illicite dans l’intérêt de tous les citoyens.
Pour sa part Oumar Diaby, commerçant, raconte qu’un jour en accompagnant un patient à l’hôpital public ce jours-là il a été convaincu de l’intérêt de la digitalisation car il a effectué tous ses paiements en ligne du guichet jusqu’à la pharmacie ce qui lui a donné confiance que cet argent ira directement à la caisse de l’état en fin lutter contre la corruption.
Mariame Diané, aide-ménagère confie que la difficulté qu’elle a rencontrée en se rendant au commissariat pour la confection de sa carte biométrique. N’étant pas à l’aise avec les outils digitaux, explique qu’elle du amené 5 050 fcfa en espèce cependant on lui a orienté de faire le dépôt car les agents ne prenaient plus l’argent en liquide. Et elle a ajouté que nous qui n’avons pas eu la chance d’aller à l’école, ça devient un peu difficile pour nous.
Quant à Ada Diawara, la vice-présidente de la Coalition des Organisations de la Société Civile pour la Lutte contre la Corruption et la Pauvreté (COSCLCCP), selon elle, la digitalisation permet d’éliminer l’argent entre les usagers et les agents publics. Cela contribue à diminuer le vol sinon les détournements des ressources financières de l’Etat. Avec la digitalisation, l’agent public n’a plus l’occasion de s’adonner à des pratiques de concussion. La concussion étant la perception d’un montant outre que celui prévu par la réglementation.
Et elle ajoute que toutefois, l’agent public corrompu va toujours trouver le moyen de soutirer de l’argent au citoyen prétextant de rendre le service public rapide. Elle a mis l’accent sur la vigilance pour mieux profiter des bienfaits de la digitalisation.
La présidente de la Communauté des Pratiques en matière de Lutte contre la Corruption (CPLC), Mariam Diama Sanogo, pour sa part, la digitalisation peut être un moyen très efficace pour minimiser les risques de corruption entre l’agent de l’état et les usagers. Cependant, si le client ne remet pas directement le coût de son service à l’agent, cela permettra d’avoir une traçabilité des recettes de l’Etat et même temps les usages auront confiance que le coût de leur service ira directement dans la caisse publique de l’Etat et l’agent de l’Etat n’aura rien à mettre dans sa poche et l’Etat aura les moyens afin de réaliser d’autre projets de développement.
Chiaka Doumbia, journaliste, directeur de publication du journal le Challenger et Secrétaire exécutif du Réseau malien des journalistes d’investigation (RMJI) souligne que la digitalisation des moyens de paiement de l’administration malienne est une bonne initiative.
Il précise que toute fois cette démarche s’inscrit dans un processus global de réformes des finances publiques. Un processus qui a commencé avec l’adoption par le Conseil des Ministres, le 20 avril 2005, du Plan d’Action Gouvernementale pour l’Amélioration et la Modernisation de la Gestion des Finances Publiques (Pagamgfp) sur les périodes 2006-2009 et 2011-2015 et ce pendant le dernier programme du gouvernement était le Plan de Réforme de la Gestion des Finances publiques (PREM) pour la période 2017-2021.
Ce paquet de réformes des finances publiques était piloté par la Cellule d’Appui à la Réforme des Finances publiques (Carfip). Ces différentes réformes ont permis d’obtenir des résultats encourageants dans la mobilisation des recettes et l’optimisation des dépenses. Il est déplorable que le Gouvernement n’a pas pu adopter un plan de réforme depuis la fin du PREM pour consolider les acquis obtenus en faveur de la digitalisation des moyens de paiement.
Et il également insisté que l’administration digitalisée, ne peut se concrétiser sans l’accès à l’électricité et sans une volonté politique forte face aux vieilles pratiques ; il conclut en affirmant que la digitalisation peut jouer un rôle crucial dans la lutte contre la corruption au sein l’administration malienne.
Il est impossible de mener une lutte efficace contre la corruption sans l’implication pleine et entière de la population au programme de digitalisation au Mali, qui est un élément clé pour son succès avec l’appropriation les outils numériques.
Youma A Cissé