Accueil Insécurité Lutte contre le terrorisme dans le bassin du lac TCHAD : La Force multinationale mixte en recherche d’un second souffle ?

Lutte contre le terrorisme dans le bassin du lac TCHAD : La Force multinationale mixte en recherche d’un second souffle ?

by Nandi
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La Force multinationale mixte (FMM) est-elle la version réussie du G5 Sahel ? Pour l’instant, le seul fait qu’elle soit encore activité pourrait le penser. Sauf qu’à l’analyse, l’on est en droit de craindre que cette Force périsse un jour, faute de moyens mises à disposition mais surtout par manque de consensus au niveau du Commandement militaire. Un déficit qui aurait pour cause des dissensions politiques entre certains États parties.

En Afrique, une certaine boucle de l’extrémise armé semble se dessiner. Elle peut commencer par l’est ou l’ouest du Continent mais surtout fera une jonction au niveau du bassin du Lac Tchad. Là-bas, dès les années 2000, Boko Haram commença à semer la terreur avec un pic de violence en 2009. Son mode opératoire comprend toute la panoplie macabre des groupes armés du même genre : attentats suicides, attaques armées aussi bien contre forces armées que contre civils et surtout des enlèvements de masses dont le tristement célèbre enlèvement des lycéennes de Chibok. Son action dans le bassin du Lac Tchad (Niger, Cameroun, Tchad et Nigéria) a causé une crise humanitaire majeure avec plus d’un million de déplacés. La porosité des frontières conjuguée aux actions conjuguées de guérilla de Boko Haram ont causé des milliers de déplacés et l’effondrement des économies locales.

Aujourd’hui, bien que son chef emblématique, Abubakar Shekau est considéré comme éliminé, l’extrémisme armé est toujours présente par les activités de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), branche dissidente de Boko Haram, considéré plus structuré par certains analystes. Ses actions depuis bientôt cinq ans se sont étendus dans les pays voisins de manière significative. Face à cette menace armée transfrontalière avec Boko qui conserve toujours une certaine capacité de nuisance, les pays du bassin du Lac Tchad se sont organisés pour créer la FMM.

Quel avenir pour la FMM ?

Des succès notables peuvent être mis à l’actif de la Force notamment la reddition de plusieurs membres de Boko Haram, la saisie d’armes et munitions, et la neutralisation de terroristes en plusieurs secteurs autour du lac. Également, en 2024, la Force a facilité le retour de plus de 3 800 déplacés internes et 2 306 réfugiés, une avancée humanitaire significative. Cependant, ce que craint bon nombres d’observateurs, est qu’elle se heurte aux limites structurelles de ce genre de Force dans un contexte politique et géopolitique complexes.

Le retrait du Niger en début d’année invoquant des priorités nationales, notamment la sécurisation de ses sites pétroliers, affaiblit considérablement la portée géographique de la Force. Dans la foulée, le Tchad menace lui aussi de retirer ses forces après la mort d’une cinquantaine de ses soldats à Barakaram, dans l’ouest du pays, pointant du doigt une absence de mutualisation des contingents.

Pour le cas du Niger, il semblerait que les militaires au pouvoir ait opéré un changement stratégique différent. Le commandement nigérian à la tête de la FMM ne plairait pas à Niamey sans parler du fait que le pays s’inscrit de plus en plus dans une dynamique sécuritaire dont l’épicentre se situerait plutôt dans la zone des trois frontières (Mali, Niger et Burkina Faso).

Le financement hybride de la Force serait aussi un élément qui rendrait incohérente ce positionnement stratégique. La Force est financée principalement par les pays membres, et le Nigéria assure la plus grande part, certainement à cause de son poids économique mais aussi parce que c’est le pays le plus touché par Boko Haram et ISWAP. La Force reste, cependant, dépendante d’aides précieuses telles que celle de l’Union Européenne et de certains alliés occidentaux.

Pour que la Force perdure, il faudrait trouver le bon équilibre entre consensus politique et besoins sur le plan militaire et logistique. La FMM ne survivrait pas à un autre retrait d’un pays membre.

Ahmed M. Thiam

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