Accueil Désenclavement "routes" La route de Kayes ou l’enfer des usagers et des véhicules : Récit d’un voyage pas comme les autres

La route de Kayes ou l’enfer des usagers et des véhicules : Récit d’un voyage pas comme les autres

by Nandi
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Crédit photo : Studio Tamani
Crédit photo : Studio Tamani

Ne dit-on pas qu’il vaut mieux voir une fois que d’entendre mille fois ? L’axe Bamako Kayes est sans nul doute l’une des voies routières les plus dégradées et pourtant tous les analystes économiques s’accordent à dire qu’elle reste de loin la voie la plus rentable en termes de rentrée financière, soit environ 2 milliards de Francs CFA par jour. Le corridor Dakar Bamako reste l’un des plus prisés par les commerçants pour acheminer leurs frets à destination.   La question qui taraude les esprits est celle de savoir comment dans un pays en crise multidimensionnelle, à la fois économique et socio sécuritaire, les autorités peuvent-elles laisser l’une des sources d’approvisionnement tarir ? Aller à Kayes est aujourd’hui une     véritable traversée du désert et le risque est à la fois sécuritaire, à cause de la présence des hommes armés et accidentel compte tenu de l’état de détérioration profonde de la route, mettant en danger la vie des usagers. Le Gouvernement ne doit-il pas parer au plus pressé pour soulager les usagers et redonner un souffle nouveau à l’économie avec la réfection de cette route vitale ?

Le développement d’un pays passe nécessairement par des infrastructures considérées comme des voies d’accès aux ressources. La route, véritable moyen de désenclavement, est également source de revenu pour l’Etat et les citoyens car elle permet les échanges commerciaux et reste une voie d’acheminement des produits. Celle reliant Bamako à Dakar en passant par Kayes, du reste l’une des plus rentables, est incontestablement en état de dégradation tellement profonde qu’elle annihile aujourd’hui tous les efforts de développement de notre pays et aggrave la crise économique et financière du Mali. Les autorités doivent tout faire pour donner un coup de grâce à l’économie en réparant cette route à défaut de la refaire totalement. Elle est vitale pour notre économie et pour les citoyens moyens qui ne sont pas à mesure de se payer un billet d’avion. Voici d’ailleurs le récit d’un voyage pas comme les autres

Parti de Sogoniko, l’un des quartiers populaires de la capitale, à bord d’un bus d’une grande compagnie de transport, vers 4 heures du matin ce dimanche 10 Août 2025, le chauffeur a fait sa toute première escale au poste de Kati à quelques 15 km de Bamako, pour non seulement des contrôles d’usage, mais aussi pour permettre à d’autres passagers d’embarquer, ensuite le bus s’ébranle en direction de Kolokani où il arriva aux environs de 7h du matin pour sa première grande escale après celle de Kati. Ce tronçon, distant d’une centaine de kilomètres de Kati, est nettement le meilleur car le bus pouvait rouler à vive allure avec moins de trous et de ralentisseurs. En effet, le calvaire ne commencera qu’à quelques kilomètres de Kolokani en allant vers Djidieni. Passagers comme conducteur étaient sur le qui-vive, car au-delà de l’état défectueux de la route, la psychose s’est emparée également des passagers en se remémorant de ces sinistres lieux où des attaques ont été récemment perpétrées. Beaucoup de passagers égrenant leurs chapelets ont également récité des versets coraniques protecteurs. Par endroits le chauffeur de notre bus laissait carrément la route pour s’élancer dans la broussaille, car le goudron quasi inexistant a laissé place à des trous béants et profonds. Pour une des rares fois la priorité édictée par le code de la route était devenue un droit caduque et c’était  le sauve qui peut. Le chauffeur à la recherche d’un point de passage acceptable et moins dangereux pour son véhicule pouvait se retrouver à gauche et souvent nez à nez avec l’autre bus circulant à sa droite, chacun cherchant un bon passage et choisissant  son trou  moins risqué pour son engin. A notre arrivée à Djidieni les passagers ont poussé un grand ouf de soulagement, pensant arriver à bout de leur peine, c’était mal connaitre les autres tronçons. L’axe Djidieni – Diéma, moins chaotique que celui reliant Kolokani à Djidieni, ne demeure pas moins défectueux et les passagers ont connu les mêmes souffrances physiques et la même psychose. Arrivée à Diéma vers 12 heures les passagers ont eu droit à quelques minutes de pause déjeuner et autres. 30 munîtes après il a été signifié aux passagers d’embarquer pour le long et pénible trajet qu’est celui de Diéma – Kayes. Jamais un qualificatif n’aura été approprié pour caractériser ce tronçon tant il est dégradé et accidentel. Il vaut mieux voir et pratiquer ce tronçon que de se contenter des récits et autres vidéos sur les réseaux sociaux. Le tronçon Diéma – Kayes passe de tout commentaire, il est à la fois chaotique et dangereux. C’est sur ce tronçon que l’on verra des dizaines de remorques et autres camions renversés au bord de la route. Les passagers ne pousseront un avant dernier ouf de soulagement qu’à une soixantaine de Kilomètres de Kayes, plus précisément  à quelques kilomètres de Lambatra.  Là où les travaux de réfection entamés par le gouvernement se sont brusquement arrêtés, dit-on à cause de l’incendie des engins de travaux de la société en charge de la construction de la route, par les djihadistes. Ce tronçon distant de quelques kilomètres, est comparable à celui qui relie Kolokani à Kati, mais qui s’arrête à quelques kilomètres également de Kayes. Notre arrivée à la cité des rails a été une véritable délivrance, autrement dit elle était synonyme de  la fin du calvaire. 

 Le Gouvernement ne doit-il pas parer au plus pressé pour soulager les usagers et redonner un souffle nouveau à l’économie avec la réfection de cette route vitale ?

Rien ne peut justifier l’arrêt des travaux de réfection de cette route vitale pour l’économie du Mali, qu’est celle qui relie Bamako à Dakar en passant par Kayes. Elle est d’autant plus importante pour l’économie que sa dégradation entraine un manque à gagner énorme, surtout quand on sait que cette route fait rentrer dans les caisses de l’Etat plus de 2 milliards de francs CFA par jour.  Le gouvernement est fortement interpellé afin qu’il fasse des gros efforts pour non seulement atténuer la souffrance des usagers, mais aussi  redynamiser l’économie car beaucoup des frets de commerçants passent par le corridor Dakar Bamako.  Que Mme la ministre des transports et des travaux publics écrive une belle page de son passage à ce ministère en relevant ce défi. Le gouvernement est fortement interpellé pour donner une suite favorable aux requêtes de la population pour une amélioration des conditions de vie et de travail. L’axe Bamako-Dakar en passant par Kayes doit être une priorité absolue.

Youssouf Sissoko 

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