Accueil L'alternance Probable fin de transition mouvementée en Guinée : Mamadi Doumbouya taille sur mesure le processus électoral et écarte Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo de la course

Probable fin de transition mouvementée en Guinée : Mamadi Doumbouya taille sur mesure le processus électoral et écarte Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo de la course

by Nandi
0 commentaire

Le référendum constitutionnel, prévu pour le 21 septembre 2025, premier grand test électoral d’un processus de sortie de la transition en Guinée, risque fort de dégénérer à cause de l’exclusion des grands ténors de l’opposition comme Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé et Sidya Touré.

Ce projet de constitution censé redéfinir le jeu politique et rassembler les guinéennes et les Guinéens autour de la Guinée risque de les diviser et devenir du coup la véritable pomme de discorde entre acteurs politiques. Ce projet de Constitution  a fini par étaler au grand jour les ambitions du Général Président Mamadi Doumbouya et sa propension à garder le pouvoir en écartant ses potentiels rivaux. Semant déjà  les graines d’une crise pré et postélectorale en Guinée, Mamadi Doumbouya défie en même temps l’organisation sous régionale, la CEDEAO qui semble s’emmurer dans un silence assourdissant face à cette velléité d’exclusion et de confiscation du processus électoral. Le Général Mamadi Doumbouya va-t-il éviter que la Guinée ne sombre dans la violence pré et postélectorale ? La CEDEAO va-t-elle commettre les mêmes erreurs comme par le passé en jouant au médecin après la mort ?

Le référendum, première élection sous la transition en cours depuis 4 ans, est une étape importante du processus devant mettre fin à la transition en Guinée. Il permet d’adopter une nouvelle Constitution et laquelle redéfinira les règles du jeu politique dans un pays où les antagonismes politiques voir communautaires ont pignon sur rue depuis l’indépendance. Donc ce référendum était attendu pour être une véritable fête de la démocratie dans une large communion du peuple guinéen, mais au lieu de cela ce sont les démons de la division qui refont surface. Les grands ténors de l’opposition comme Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé et Sidya Touré sont tenus à l’écart. Si la formation politique du troisième n’est pas suspendue, l’épée de Damoclès pend au-dessus de sa tête, quant aux deux premiers, leurs formations politiques sont suspendues et ils sont condamnés par la junte à se taire. Il n y a pas que ces leaders d’autres sont dans le viseur de la junte guinéenne. Pour rappel les trois partis politiques que sont le RPG de l’ancien Président de la République Alpha Condé, l’UFDG de l’ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo et PRP de Rafiou Sow ont été suspendus pour trois mois pour non-respect des règles prévues par la Charte des partis politiques. Faux rétorque l’apposition, pour elle cette décision est prise pour empêcher l’opposition de manifester et de contester la tenue du référendum, car la Constitution qui en sera issue sera démocraticide, liberticide et ne sera pas gage de stabilité politique.  

En effet, dans le projet de constitution qui sera soumis à référendum le 21 septembre, trois grands changements ont attiré notre attention, le premier est le passage du quinquennat au septennat et surtout la création du Senat qui risque d’être budgétivore et inefficace. Le deuxième grand changement est les conditions d’éligibilité qui sont faites à dessein pour éliminer la vieille garde politique, car elles excluent de facto Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, il s’agit d’avoir moins de 80 ans et surtout résider en Guinée. Le troisième changement qui est synonyme de non-respect des engagements est relatif à la violation de l’engagement pris par le général Doumbouya de ne pas  briguer la magistrature suprême. Ce projet de constitution s’il venait à être adopté par le peuple guinéen  serait une constitution taillée sur mesure et qui ouvrira grand un boulevard pour Mamadi Doumbouya afin de se maintenir au pouvoir contre vents et marées

Le Général Mamadi Doumbouya va-t-il éviter que la Guinée ne sombre dans la violence pré et postélectorale ?

Il était pourtant considéré comme le plus modéré et le plus coopératif des militaires qui ont perpétré le coup d’Etat dans les pays de la sous-région ouest africaine. N’ayant pas rompu avec la CEDEAO et donnant au début quelques signaux d’assurance quant à une transition  à la fois courte et inclusive et son désintérêt pour le pouvoir. En fin de compte il est tout aussi intéressé que prétentieux comme ses pairs putschistes de la sous-région. En adoptant cette posture jusqu’auboutiste, Mamadi Doumbouya s’expose et expose la Guinée à des troubles pré et postélectoraux. Pour rappel de l’indépendance de la Guinée en 1958 jusqu’à nos jours le pays n’a jamais été politiquement stable et la division ethnique, voir communautaire ne s’est jamais amoindrie. C’est dans ce contexte de profonde division que le Général Doumbouya a pris le pouvoir, au lieu de coudre le tissu social en lambeaux il semble en rajouter à l’instabilité voir à la division. Les prémices d’une crise pré et postélectorales sont visibles. Il revient donc au Président de la transition de rassembler pour éviter que la Guinée ne sombre dans le chaos. Le dialogue avec les acteurs politiques semblent être la meilleure des vertus pour prévenir d’éventuelles crises aux conséquences désastreuses pour la Guinée et la sous la région

 La CEDEAO va-t-elle commettre les mêmes erreurs comme par le passé en jouant au médecin après la mort ? 

Il est devenu presque classique que c’est après coup que l’organisation sous régionale joue au médecin après la mort, en imposant des sanctions souvent progressives notamment des restrictions de voyage, des gels des avoirs, la suspension du pays de ses organes de décision et la demande d’un chronogramme de transition politique rapide. Mais rarement elle intervient efficacement en amont pour empêcher que la crise, dont les prémices annonciatrices sont visibles, n’éclate. Elle n’a certes pas des moyens coercitifs pour obliger les pays à respecter les principes démocratiques, mais elle devrait avoir des mécanismes de prévention solides pour empêcher tout enlisement. La CEDEAO est mise devant le fait accompli et pourtant le Général Doumbouya s’est montré coopératif et n’a jamais quitté l’organisation contrairement à ses pairs de la sous-région à savoir le Général Assimi Goita du Mali, le Capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso et le Général Abdouramane Tiani du Niger, qui se sont non seulement retiré de la CEDEAO, mais aussi et surtout ont créé l’Alliance des Etats du Sahel, AES. En Guinée, John Dramani Mahmat et ses pairs chefs d’Etat de la CEDEAO jouent désormais leur crédibilité. Ainsi pour ne pas prêter le flanc aux critiques des chefs d’Etat de l’AES, ils doivent tout faire pour relever le défi d’un bon retour à l’ordre constitutionnel en Guinée.

En somme, pour éviter que la Guinée ne sombre dans la violence pré et postélectorale il faut un dialogue franc sans exclusive entre tous les acteurs politiques, ensuite un large consensus autour des futures lois et principes censés redéfinir les règles du jeu politique guinéen et enfin il faut un minimum de confiance entre les acteurs de la vie politique guinéenne qui sera gage de crédibilité des résultats qui seront issus des différents processus électoraux. Quant à la CEDEAO elle doit continuer son accompagnement pour exiger des scrutins transparents et crédibles.    

Youssouf Sissoko

Vous aimerez peut-être aussi

Laisser un commentaire

Nandi.info est un journal d’information général, propose tout une diversité de rubriques de publication d’article et d’information locale et internationale.

@2024 – nandi.info, tous droits réservés