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Diplomatie malienne : Fin de règne pour deux « manges-mil »

by Nandi
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Hommes de l’ombre, conspirateurs dans les dédales secrets du régime de la transition, l’Ambassadeur du Mali à Kigali au Rwanda, Général de Brigade Mamary Camara et son homologue Abdoulaye Tounkara à Genève en Suisse, ont été chassés de leurs postes d’Ambassadeurs ; des fonctions qu’ils ont occupées depuis l’installation du Président de la transition Assimi Goïta, moyennant l’intrigue et la manipulation. 

Le couperet est tombé lors du Conseil des ministres du 24 mars 2025. Dans un geste aussi symbolique que stratégique, le président de la Transition, le général d’armée Assimi Goïta, a mis fin aux fonctions de deux ténébreux  hauts diplomates maliens. Il s’agit du général de brigade Mamary Camara, en poste à Kigali (Rwanda), et d’Abdoulaye Tounkara, représentant permanent du Mali à Genève (Suisse). Leur limogeage intervient après des révélations explosives du Bureau du Vérificateur général (BVG), dénonçant des irrégularités financières massives au sein de leurs chancelleries.

Le rapport sectoriel du BVG (rendu public le 11 mars 2025) sur la gestion des périodes 2021, 2022, 2023 et 2024 (30 septembre), est accablant. Il révèle que plus de 202 millions F CFA sont « mal justifiés » à l’Ambassade du Mali à Abu Dhabi, dirigée au moment des faits, par le général Mamary Camara qui était, jusqu’à sa révocation, l’ambassadeur du Mali à Kigali. Le document revèle une gestion opaque : absence de pièces justificatives, paiements non conformes, avances non régularisées, et une comptabilité déficiente. Deux agents comptables sont également cités dans cette affaire.

À Genève, le constat est encore plus accablant. Selon le rapport de vérification sur les exercices 2021, 2022, 2023 et 2024 (31 août), la bagatelle de 312 millions F CFA se seraient volatilisés ou auraient été mal gérés, à l’Ambassade du Mali en Suisse, sous la houlette de  Son Excellence Abdoulaye Tounkara. Là aussi, les manquements sont graves : dépenses sans justificatif, détournements présumés, irrégularités à la pelle dans la passation des marchés et absence de mécanismes de contrôle internes.

Des profils déjà controversés

La révocation du général de brigade Mamary Camara à Kigali au Rwanda et du sieur Abdoulaye Tounkara, à la tête de l’Ambassade du Mali à Généve en Suisse, met fin à la carrière de deux des plus obscurs personnages de la transition. Ils ont sévi longtemps dans les rouages de l’État, incarnant, avec beaucoup d’autres, l’image hideuse de la diplomatie malienne. Jusque-là ambassadeur du Mali à Kigali, le général Mamary Camara n’en est pas à sa première controverse. Ancien ambassadeur aux Émirats arabes unis, sa gestion à Abu Dhabi, selon des indiscrétions, avait déjà été vivement critiquée dans les milieux diplomatiques, bien avant la publication du rapport du BVG. Son transfert à Kigali avait été vu par certains comme une manière de l’écarter, sans faire de vagues.

De son côté, l’Ambassadeur Abdoulaye Tounkara en Suisse, avait déjà provoqué l’indignation en 2022 avec le licenciement brutal de deux agents de chancellerie, un épisode qui avait soulevé des interrogations sur sa méthode de gouvernance.  En bloc, notre Ambassadeur était devenu un As de la manipulation.

Profitant de leurs proximités avec le centre de décision, le général de brigade Mamary Camara et Abdoulaye Tounkara sont devenus, au fil des ans et des circonstances, des hommes de réseaux et d’influence. Des hommes de pouvoir au cœur d’enjeux transversaux.

Aujourd’hui, si les deux ambassadeurs du Mali au Rwanda et en Suisse, ont chuté de leurs piédestaux, à l’issue du conseil des ministres du 24 mars 2025, ils entament tout de même leur traversée du désert. Grillés par les projecteurs mais pas au point d’être carbonisés.

Traînant l’image de «voyoux» d’une république abîmée, l’ambassadeur Mamary Camara et son homologue Abdoulaye Tounkara, voient ainsi leurs étoiles pâlir. Ils auront incarné dans la réalité les personnages sulfureux, ambitieux et sans scrupule d’un roman policier.

Avec leurs limogeages, le président Goïta envoie un signal fort : les représentants de l’État ne sont plus des intouchables. Diplomates, militaires ou hauts fonctionnaires, tous sont désormais comptables de leurs actes. Ce positionnement pourrait renforcer la légitimité morale de la Transition, alors que le pays fait face à d’importants défis sécuritaires, économiques et institutionnels. Reste maintenant à voir si cette rigueur s’étendra à d’autres domaines de l’administration publique et si les faits révélés seront suivis d’actions judiciaires concrètes. Car au-delà du symbole, les Maliens attendent des actes forts pour que l’impunité ne soit plus la règle.

Adama Coulibaly

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