La zone de libre échange continental africaine (ZLECAF) ambitionne de porter le PIB par habitant à 3 249 dollars d’ici 2030. Pour l’Union africaine (UA), le développement du commerce à l`échelle continentale devrait améliorer les revenus des ménages. Alors qu’en 2016 la valeur moyenne du PIB africain par habitant était de 2 008 dollars, elle devrait se renchérir à 3 249 dollars en 2030 grâce à la libre circulation des personnes.
Le développement du commerce à l’échelle continentale devrait améliorer les revenus des ménages. Des experts prévoient des hausses de salaire de 10,5 % pour les femmes et 9,9 % pour les hommes d’ici 2035. D’autres inégalités salariales seront réduites, avec une hausse de 10,3 % de la rémunération des travailleurs non qualifiés et de 9,8 % des travailleurs qualifiés. «Beaucoup reste encore à faire pour atteindre l’objectif d’une Afrique véritablement intégrée et interconnectée», reconnaît Dhoihir Dhoulkamal, ministre comorien des Affaires étrangères dont le pays préside aujourd’hui l’UA. Des données officielles révèlent également que la contribution estimée des migrants au PIB de certains pays africains pourrait atteindre 19 %. Alors que, en 2016, la valeur moyenne du PIB africain par habitant était de 2 008 dollars (plus de 1 218 939 F CFA), elle devrait se renchérir à 3 249 dollars (environ 1 972 278 F CFA) en 2030 grâce à la libre circulation des personnes.
L’UA se dote progressivement d’instruments allant dans ce sens. Ainsi, en 2016, le passeport africain a été lancé et le protocole de 2018 sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et le droit d’établissement sont autant d’instruments juridiques susceptibles de stimuler le commerce intra-africain au sein de la zone de libre échange continental africaine. Il s’agit là d’autant d’instruments juridiques capables d’impulser le commerce intra-africain au sein de la ZLECAF. Malheureusement, sur le terrain, des réticences liées aux défis sécuritaires nationaux freinent son implémentation, plafonnant ainsi les échanges commerciaux entre Etats membres de l’UA à 15 % en 2022.
«C’est très triste ! Nous n’avons que quatre Etats membres ! C’est bien, mais nous avons besoin d’un minimum de quinze Etats membres et nous ne les avons pas. Seuls quatre ont ratifié depuis. Il s’agit du Mali, du Niger, du Rwanda et de Sao Tomé-et-Principe. Certains pays n’ont pas ratifié ce protocole, mais on sent une ouverture des frontières», a récemment déploré Cessouma Minata Samate, Commissaire à la santé de l’UA.
Catalyseur du développement de l’intégration économique, la libre circulation des personnes profite à de nombreux secteurs porteurs de croissance comme le tourisme. Les Seychelles ont par exemple généré 6 % de toutes les recettes touristiques internationales en Afrique de l’Est en 2021 grâce à l’accès sans visa à son territoire à tous les Africains. «Si nous pouvons nous déplacer librement à travers les régions, pourquoi ne voulons-nous pas nous déplacer librement à travers le continent ? Ce sont des questions importantes que nous devons commencer à nous poser. Donc, nous sommes très heureux de voir que l’Afrique de l’ouest et l’Afrique de l’Est se réunissent, à travers les secrétariats et les structures parlementaires des régions, pour s’assurer que quelque chose se passe vraiment», a noté Emmanuel K. Bensah Junior, Directeur exécutif adjoint-AFCFTA Policy Network
«Nous avons lancé ce processus il y a deux ans, à Khartoum (Soudan). Aujourd’hui, tous les ministres (sauf celui de l’Ouganda) ont signé le protocole de libre circulation et le protocole pour le droit d’établissement de l’IGAD (Intergovernmental Authority for Development/Autorité intergouvernementale pour le développement). C’est une très grande réussite pour la région», a indiqué Workneh Gebeyehu, Secrétaire de l’Autorité intergouvernementale de l’Ethiopie.
A noter que le protocole de l’UA sur la libre circulation contient onze dispositions relatives à la migration et à la mobilité de la main-d’œuvre. En Afrique, 80 % des migrations de travailleurs se font à l’échelle du continent, dont 3,6 millions dans les principaux corridors migratoires d’Afrique de l’Est. Une force ouvrière dont la mobilité pourrait résoudre des problèmes tels le manque de création d’emplois, le sous-emploi et la qualité du travail.
Moussa Bolly