Accueil Interview Baïdy Dramé, président du CSDM officiel : Il n’y a plus de rivalité entre le CSDM et le HCME parce que nous défendons la même cause»

Baïdy Dramé, président du CSDM officiel : Il n’y a plus de rivalité entre le CSDM et le HCME parce que nous défendons la même cause»

by Nandi
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Après s’être battu pendant 5 ans pour la paternité du Conseil supérieur de la diaspora malienne (CSDM), Baïdy Dramé a finalement eu gain de cause. En effet, le 13 juillet 2023,  la Section administrative de la Cour suprême du Mali a annulé le récépissé modifié délivré à son rival par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation le 22 février 2016, soit quelques mois après la création du CSDM en septembre 2015. Que retient-il de ce bras de fer ? Qu’envisage-t-il de faire pour réconcilier la diaspora malienne ? Quel est le regard du CSDM sur les récents états généraux de la migration ? Quelles sont les vraies préoccupations de la diaspora malienne ? Autant de questions que nous avons posées à Baïdy Dramé qui séjourne actuellement dans le pays. Et il nous a répondu sans langue de bois. Interview exclusive !

Le Matin : Le 13 juillet 2023, la Section administrative de la Cour Suprême a tranché en votre faveur le bras de fer qui vous opposait à Mohamed Chérif Haïdara par rapport à la paternité du Conseil supérieur de la diaspora malienne (CSDM). Comment avez-vous accueilli cette décision ?

Baïdy Dramé : C’est avec une immense joie que nous avons accueilli l’arrêt de la Section administrative de la Cour suprême après cinq longues années de bataille judiciaire. Cette victoire est mesurée, elle n’est pas triomphaliste car, pour nous, cet arrêt de la Cour suprême n’est pas pour un camp contre un autre.

-Concrètement, qu’est-ce que cela change pour vous ?

Ce qui va changer pour nous, c’est la pacification au sein de la diaspora. Aujourd’hui, plus de dix personnes, dont 8 Maliens de l’extérieur, sont devant les tribunaux maliens, français et guinéens suite à des plaintes de notre adversaire. Nous tirons plusieurs enseignements de ces différents procès… Le procès en France, par exemple, concerne uniquement le logo et il est mentionné dans la grosse du tribunal de Paris que le logo appartient au CSDM. Et, sauf erreur de ma part, le CSDM en France c’est notre bureau qui a donc le droit d’utiliser le logo. Ce qui explique la présence de notre présidente, Mme Niouma Cissoko, au sein de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE)…

-Mohamed Chérif Haïdara a indiqué n’avoir pas été associé à la procédure ayant donné lieu à la décision rendue par la Section administrative de la Cour Suprême. Qu’en dites-vous ?

Ma plainte était contre le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation qui a délivré le 22 février 2016 un récépissé modificatif interdit par la loi numéro 04-038 du 5 Août 2024. Le récépissé déclaratif est valable jusqu’à la dissolution de l’association.

-Est-ce que ses démarches pour exercer des recours tendant à l’annulation de cette décision ont une chance d’aboutir ?

La loi Malienne relative aux associations ne changera pas à cause d’une tierce-opposition ou d’une révision en opposition.

-Quelle aurait été votre réaction si la décision de la Section administrative de la Cour Suprême vous avait été défavorable ?

Je souhaite ne pas être opposé à la loi de la République. Si j’étais à la place de mon adversaire, je n’allais même pas réagir car une décision judiciaire s’applique à tous les citoyens.

-Quels sont aujourd’hui vos rapports avec le HCME de Habib Sylla ?

Nous avons de bons rapports avec Habib Sylla. Pour preuve, après notre congrès historique du 29 mai 2021, une forte délégation du Haut conseil des maliens de l’extérieur (HCME) était présente à la clôture. En retour de cette marque de considération du HCME,  toute la direction du CSDM s’est rendue au siège du Haut conseil pour remercier le président Habib Sylla et toute son équipe.

-Est-ce que la rivalité CSDM-HCME ne fragilise-t-elle pas la diaspora comme force de proposition et de décision ?

Il n’y a plus de rivalité entre le CSDM et le HCME. Ce qu’il faut retenir, c’est que le CSDM et le HCME sont complémentaires parce que nous défendons la même cause. A titre de rappel, je suis l’un des pères fondateurs du Haut conseil au sein duquel j’ai siégé comme chargé à la communication durant 20 ans et Secrétaire général durant 5 ans. Avec le Haut conseil nous allons travailler à rassembler la diaspora dans toute sa diversité, à pacifier le milieu associatif pour une union sacrée, y compris avec Haïdara et ses soutiens.

-Qu’avez-vous retenu des états généraux de la migration et cadre de concertation avec les Maliens établis à l’extérieur ?

Ce qu’il faut retenir de cette initiative, c’est la mise en place prochaine d’un cadre de concertation des structures faîtières de la diaspora. Les ateliers ont permis de fixer les priorités de nos compatriotes, les problèmes qu’ils rencontrent pour obtenir les documents administratifs (carte Nina, passeports, actes de naissance…). Enfin l’appel de notre ministre des Maliens établis à l’extérieur, Mossa Ag Attaher, qui a souhaité  (à l’ouverture comme à la clôture des états généraux) l’union sacrée de la diaspora. Le ministre a insisté auprès de son cabinet pour que les portes du département restent ouvertes à tous pour une meilleure collaboration avec l’ensemble des Maliens de l’extérieur.

-Quelles sont les recommandations qui ont retenu votre attention ?

Parmi les recommandations mises en avant figurent l’élaboration d’une nouvelle loi organique pour définir la représentation des Maliens établis à l’extérieur au sein de l’Assemblée nationale et du Sénat ; la poursuite du processus d’adoption des textes relatifs à l’Agence de transfert de compétences de la diaspora (ATCD) et la consolidation des projets existants ; la réalisation d’une étude de faisabilité pour attribuer le statut de «Collectivité publique» aux Maliens établis à l’extérieur afin de les considérer comme une nouvelle région du Mali.

Nous avons également retenu la révision de l’ancrage institutionnel des associations des Maliens établis à l’extérieur en les rattachant à la présidence de la République ; l’accélération de l’adoption du projet de loi dérogatoire sur le rétablissement d’identité pour résoudre les problèmes d’état civil, l’application stricte du décret régissant les statuts des Maliens établis à l’extérieur et, enfin, la modification de l’article 183 de la nouvelle loi électorale pour favoriser une représentation unique des Maliens établis à l’extérieur dans les organes électoraux.

Nous avons aussi apprécié que, en clôturant les travaux, le modérateur ait appelé à l’unité des associations autour des préoccupations des Maliens établis à l’extérieur.

-Que compte faire le CSDM pour que les recommandations de cette rencontre soient traduites en actes concrets en faveur de la diaspora malienne ?

A mon avis le cadre de concertation veillera strictement à la mise en œuvre des recommandations des états généraux. Ce cadre regroupera toutes les structures faîtières de la diaspora malienne.

-D’une manière générale, quelles sont les difficultés principales auxquelles les Maliens de l’extérieur sont confrontés ?`

Les difficultés sont les mêmes depuis plusieurs années, à savoir l’obtention des documents administratifs (carte d’identité consulaire, passeport, actes de naissance et surtout la carte NINA). La diaspora malienne est estimée à plus de 5 millions sur les cinq continents. Malheureusement, nous sommes moins d’un million à être recensés.

-Qu’attendez-vous des autorités de la Transition pour la prise en charge de ces préoccupations ?

Nous allons avant tout travailler à ce que les recommandations des états généraux sur la migration soient appliquées par le gouvernement.

-Vous avez soutenu le projet de constitution alors que certaines dispositions ne sont pas favorables aux Maliens de l’extérieur. Qu’est-ce qui a motivé ce soutien ?

Nous étions contre l’article 46 qui prive les binationaux de se présenter à l’élection présidentielle. Au sein du CSDM officiel, nous pensons que les binationaux sont des Maliens comme ceux de l’intérieur. Par contre le mot d’ordre de la direction du CSDM était de permettre à chaque membre de faire un choix. Une fois le référendum voté, le débat est clos de notre côté.

-Aujourd’hui, le débat politique tourne autour de la prolongation de la transition afin de mieux organiser les élections. Quelle est la position du CSDM ?

Nos autorités doivent s’en tenir au délai normal fixé par les autorités en accord avec l’organisation sous-régionale, c’est-à-dire la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).

-Quel appel lancez-vous aux Maliens de l’extérieur sans distinction aucune ?

C’est un appel au rassemblement, à l’unité de la diaspora malienne. Le CSDM et le HCME vont cheminer ensemble pour réaliser cette union sacrée. Cela sera un signal fort pour ceux de l’intérieur. Malgré nos divisions, la diaspora malienne est la mieux organisée. Il est impératif que l’Afrique aussi parle d’une même voix face à l’Europe qui négocie avec nos pays différemment sur différentes questions essentielles. Ce qui n’est pas normal.

Une gestion concertée de l’immigration par exemple s’impose à nos pays face à la montée de l’Extrême droite en Occident, notamment en Europe. Nous allons proposer au ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine de prendre contact avec ces homologues du Sahel pour mettre en place une stratégie commune face à l’Union européenne sur la problématique de la migration.

Propos recueillis par

Moussa Bolly

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