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Développement du Mali : La croissance économique hypothéquée par les importations

by Nandi
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La balance commerciale représente la différence entre la valeur des exportations et des importations de biens pour un Etat. Les exportations maliennes désignent les biens produits dans le pays et vendus à l’étranger tandis que les importations sont les biens produits à l’étranger et achetés ici. Elle est naturellement déséquilibrée puisque la balance a toujours pesé du côté des importations. Le Mali enregistre en effet des soldes extérieurs structurellement déficitaires. Les exportations ne couvrent généralement qu’environ la moitié des importations, occasionnant ainsi un déficit permanent de notre balance commerciale. Cela démontre que notre pays est loin de réunir encore les conditions de son développement.

Le Mali exporte principalement de l’or (72,9 % des exportations totales en 2019, Comtrade/une base de données des Nations unies proposant des statistiques sur le commerce mondial des produits de base), du coton (11,6 %), des animaux vivants et des engrais ; important principalement des huiles de pétrole (27 % des importations totales), du ciment (4 %), des médicaments et des appareils électriques. Par ailleurs, notre pays est également un importateur net de services. Ainsi, la valeur des importations de services commerciaux était récemment estimée à 1,61 milliard dollars, contre 542 millions dollars pour les exportations.

Selon «Dix-neuf soixante» (un site panafricain visant à promouvoir la bonne gouvernance, faciliter l’accès aux données publiques, valoriser le Mali et l’Afrique), les importations d’articles manufacturés divers de notre pays représentent environ 160 milliards de F CFA par an. Les articles personnels représentent 25 % de ces importations, comprenant des chaussures et des meubles. Les articles divers représentent 58 %, notamment des appareils photo et des appareils sanitaires. Les instruments scientifiques contribuent à hauteur de 18 % !

En 2022, le Mali a importé pour une valeur de 3,015 milliards. La répartition des importations maliennes selon les secteurs donne 23 % pour le matériel de transport, 21 % pour les combustibles, 19 % pour les produits agricoles ; 13 % pour les produits chimiques et 12 % pour les produits semi-manufacturés. Quant aux importations du secteur agricole, elles représentent environ 742 milliards F CFA par an et montrent une répartition intéressante. Les matières premières (caoutchouc brut, les cuirs, peaux et pelleteries bruts…) représentent  2 %. Les produits alimentaires (céréales avec 38%, boissons, café, thé, graisses et huiles végétales…) dominent naturellement avec 98 %.

En dehors de l’or, les exportations maliennes ont stagné depuis 1992

Les importations de produits chimiques représentent environ 537 milliards F CFA par an. Les produits chimiques, tels que les engrais et les produits d’entretien… représentent 59 % de ces importations. Les produits pharmaceutiques, notamment les produits médicaux, occupent 41% de cette part. Les importations d’articles manufacturés divers représentent environ 160 milliards de F CFA par an. Les articles personnels (chaussures, meubles…) représentent 25 % de ces importations. Les articles divers (appareils photo et appareils sanitaires…) représentent 58 %. Les instruments scientifiques contribuent aux importations à hauteur de 18 %. Les importations de machines et de matériel de transport représentent environ 920 milliards par an.

Alors que les importations connaissent une augmentation alarmante, car créant un déséquilibre croissant, les exportations (hors or) ont stagné depuis 1992, contribuant à un déficit commercial persistant. La production de coton n’ayant pas été à la hauteur des attentes à l’issue de la campagne agricole 2021-2022 et avec la baisse des prix de l’or, la balance commerciale du pays s’est relativement détériorée. La facture des importations devant rester importante du fait de la reprise de la demande intérieure et des prix élevés de l’énergie (Coface).

Pour développer son économie, un pays doit créer les conditions de mieux produire, transformer cette production en pour en tirer le maximum de valeurs ajoutées et exporter les produits finis. Malheureusement, notre pays est loin de réunir ces conditions. Ce qui fait que nous avons une économie de consommation de produits essentiellement importés.

Le hic, c’est que notre pays importe presque tous les produits de première nécessité tels que le riz, le blé, les allumettes, les serpillières, les bonbons et les écrous. Ce qui pose un problème sérieux par rapport à la croissance économique. En  effet, comment un pays qui ne transforme presque rien peut-il aspirer à l’émergence économique ? Comment lutter efficacement contre le chômage et créer de la valeur ajoutée sur nos ressources sans des unités industrielles ?

«En réduisant les importations, nous pourrons promouvoir l’autosuffisance économique du pays. C’est le moment d’investir dans notre production locale pour un avenir plus prospère et un Mali économiquement autosuffisant», conseille un économiste. Si le pays aspire réellement à rejoindre le cercle des pays émergents du continent, il est temps que nos décideurs le dotent d’une ambitieuse politique d’industrialisation afin de judicieusement exploiter nos ressources.

Moussa Bolly

Le Matin

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