Dans son intervention à l’ouverture de la retraite citoyenne de plaidoyer en faveur de l’engagement communautaire dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite à l’occasion de la journée africaine du 11 juillet, le président de l’Office central de lutte contre l’Enrichissement illicite, Moumouni Guido, a laissé entendre qu’au Mali, une recherche publiée en 2020 a évalué à 1.266 milliards de FCFA les pertes financières et les gaspillages subis par l’Etat de 2005 à 2019.
Cette information fournie par le président de l’Oclei montre à suffisance que la corruption constitue le principal fléau au Mali. De son avis, au Mali, une recherche publiée en 2020 a évalué à 1.266 milliards de FCFA les pertes financières et les gaspillages subis par l’Etat de 2005 à 2019, soit l’équivalent de 1 700 centres de santé de référence ou 42 hôpitaux de 3ème référence comme l’Hôpital du Mali.
Selon le président Guindo, cette journée est l’occasion pour les Africains de jeter un regard rétrospectif sur la lutte contre la corruption dans leurs communautés afin de voir ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et ce qui est à améliorer. « La corruption a des impacts négatifs sur tous les aspects de la société. Elle compromet le développement social et économique et sape les institutions démocratiques et l’Etat de droit. Elle est le principal obstacle au développement économique et social dans le monde », a-t-il dit.
Citant la Banque africaine de Développement (BAD), il a affirmé que la corruption cause, à elle seule, une perte annuelle estimée à 148 milliards de dollars, soit 25% du PIB de l’Afrique.
Citant également L’Onudc, il a précisé que, chaque année, 1 000 milliards de dollars sont versés comme pots de vin ; tandis que quelques 2 600 milliards de dollars, soit plus de 5 % du PIB mondial, sont détournés. « Selon le groupe de travail de l’Union africaine dit groupe de haut niveau Thabo MBeki, L’Afrique perd au moins 50 milliards de dollars par an du fait des transactions illégales », a-t-il renchéri.
La recette de Moumouni Guindo contre la corruption et l’enrichissement illicite
Selon le patron de l’Oclei, pour combattre le phénomène de la corruption et l’enrichissement illicite, les organisations de la société tiennent un rôle de premier plan. De son point de vue, à travers le monde, les faits ont démontré que la société civile est à l’avant-garde du combat contre le phénomène. « Dans la grande majorité des cas, c’est la société civile qui lance l’alerte et c’est encore elle qui dénonce les faits de corruption. Elle joue et doit jouer avec efficacité son rôle de veille et de dénonciation », estime-t-il.
A l’en croire, combattre la corruption et l’enrichissement demande une justice forte. « Malheureusement, dans notre pays, la justice est pointée du doigt. Une Enquête d’opinion ‘’Mali-Mètre’’, menée en octobre 2018, a révélé que 85,1% des enquêtés sont ‘’tout à fait d’accord’’ avec l’idée d’une justice corrompue au Mali », regrette l’orateur du jour.
Selon lui, dans leur rôle de vigie et de veille citoyenne, les organisations non gouvernementales actives dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite doivent s’assigner la mission de mener des plaidoyers et des actions vigoureuses pour améliorer la situation.
Bazoumana KANE