Accueil Actualité Collectif GEN Z : L’activisme du XXIᵉ siècle entre innovation et essoufflement

Collectif GEN Z : L’activisme du XXIᵉ siècle entre innovation et essoufflement

by Nandi
0 commentaire

Ils s’appellent Gen Z. Nés à l’ère du numérique, ces jeunes militants réinventent la contestation politique et la mobilisation citoyenne. Connectés, spontanés et créatifs, ils transforment les réseaux sociaux en champs d’action. Mais derrière cette énergie inédite, une question persiste : que reste-t-il de ces élans une fois la ferveur retombée ?

Le cas malgache, un miroir révélateur

À Madagascar, l’activisme de la jeunesse a récemment refait surface dans un contexte politique tendu. Des collectifs de jeunes, influencés par les codes de la génération Z, se sont mobilisés contre la corruption, la précarité et la manipulation du processus électoral. Très actifs sur les réseaux sociaux, ils ont su faire émerger un discours audacieux sur la responsabilité citoyenne et la transparence publique.
Pourtant, comme ailleurs, ce sursaut s’est heurté à une réalité familière : l’essoufflement rapide de la mobilisation une fois la pression retombée. Les figures de proue, souvent non affiliées à des partis, ont préféré rester en marge de la politique formelle, refusant d’être assimilées à une élite qu’elles dénonçaient. Ce scénario, observé à Antananarivo comme à Dakar ou Ouagadougou, traduit une difficulté partagée : celle de transformer l’indignation en action politique durable.

Le renversement récent du président malgache, suivi de l’installation d’un militaire à la tête du pays après sa prestation de serment, est assez illustratif.

Un nouvel activisme mondial

Les collectifs de la génération Z se distinguent par leur maîtrise du numérique comme levier politique. Ils mobilisent via les hashtags, les vidéos virales et les campagnes en ligne. Leur force réside dans leur capacité à transformer une indignation en tendance mondiale. L’activisme climatique, la défense des droits humains ou la lutte contre les régimes autoritaires y trouvent un souffle inédit.

Cette génération a redéfini la notion de militantisme : plus besoin de partis, de hiérarchies ni même de structures physiques. L’action se veut immédiate, inclusive et participative. C’est une militance 2.0, fluide, connectée et affranchie des codes traditionnels.

Un parallèle africain : Y’en a marre, Le Balai Citoyen,…

En Afrique, cette dynamique s’est incarnée avant même l’expression “Gen Z” à travers des mouvements comme Y’en a marre au Sénégal (2011) et Le Balai Citoyen au Burkina Faso (2013). Ces collectifs, portés par des artistes, journalistes et jeunes intellectuels, ont su mobiliser la rue, éveiller la conscience civique et contribuer à des changements politiques majeurs.

Mais, comme chez les activistes Gen Z à travers le monde, la limite reste la même : la difficulté à transformer la contestation en alternative politique durable. Une fois la mobilisation terminée et le pouvoir en place renversé, le souffle retombe. Les leaders retournent à leurs activités initiales, hésitant à franchir le cap de l’engagement politique formel, par méfiance ou par peur de perdre leur crédibilité.

Les limites du phénomène

Le principal paradoxe du collectif Gen Z et de ses équivalents africains est que leur puissance s’arrête là où commence la politique réelle. Ces mouvements refusent souvent d’entrer dans les institutions, laissant le champ libre à d’autres forces, parfois moins sincères, qui récupèrent leurs luttes pour s’en servir comme tremplin politique.

L’absence de structures solides, le manque de stratégie à long terme et la dépendance aux plateformes numériques fragilisent leur impact. En outre, ces mobilisations peuvent être englouties ou neutralisées par les systèmes politiques traditionnels, adeptes de la récupération et du clientélisme.

Une innovation sociale inachevée

Pourtant, il serait réducteur de n’y voir qu’un échec. Les mouvements de la génération Z ont redonné du sens à la citoyenneté. Ils ont appris à une jeunesse mondiale que l’indignation pouvait devenir action, que la technologie pouvait être un instrument d’émancipation. Mais cette révolution de la forme doit encore s’accompagner d’une révolution du fond : passer du “like” au programme, de la rue à la gouvernance, de l’émotion à la construction politique.

Les mouvements de la génération Z, tout comme Y’en a marre et Le Balai Citoyen, incarnent une énergie démocratique nouvelle, mais encore incomplète. Leur plus grand défi reste la pérennisation du changement : transformer la contestation numérique et populaire en un véritable projet politique capable de durer. Car à défaut de cette transformation, ces élans citoyens, aussi sincères qu’innovants, risquent de se dissoudre à chaque fois que le pouvoir vacille.

Ahmed M. Thiam

Vous aimerez peut-être aussi

Laisser un commentaire

Nandi.info est un journal d’information général, propose tout une diversité de rubriques de publication d’article et d’information locale et internationale.

@2024 – nandi.info, tous droits réservés