Accueil FEMMES Les aides ménagères remplissent presque les fonctions de maîtresse de maison

Les aides ménagères remplissent presque les fonctions de maîtresse de maison

by Nandi
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À Bamako, peu de familles peuvent se passer des services des aide-ménagères, bien qu’il soit difficile de quantifier précisément celles qui exercent ce métier. Ces jeunes femmes souvent issues de milieux ruraux, motivées par l’achat de leurs trousseaux de mariage, travaillent pour soutenir les familles malgré les défis qu’elles rencontrent.

Un quotidien difficile

La capitale, dans leur quête pour rassembler un trousseau de mariage, ces jeunes filles affrontent d’énormes difficultés. Leurs bourreaux sont souvent des femmes, des mères de famille, qui les emploient pour accomplir les tâches ménagères : cuisine, lessive, entretien de la maison, et soins des enfants, entre autres.

Sitan Diallo, 13 ans, originaire de Zogofina, raconte : « je me lève chaque matin vers 5 heures, la première des choses que je fais, c’est d’allumer le feu pour la préparation du petit-déjeuner. Ensuite, je balaie la cour, je m’occupe des enfants de ma patronne et j’accomplis d’autres tâches. Je suis toujours la dernière à me coucher, » confie-t-elle avec la voix tremblante de larmes.

À l’inverse de Sitan, Awa Sogoba, 15 ans, affirme être bien traitée par sa patronne, au point de ne plus avoir envie de rentrer chez elle.

Adjara Cissé, 18 ans, originaire de la région de San, décrivent une réalité plus complexe : « Les tâches ménagères sont souvent difficiles, mais j’ai eu la chance de trouver une patronne qui me traite bien. Cependant, elle peut parfois se montrer violente, me gronder ou m’insulter si je n’exécute pas correctement les tâches ou si je prends trop de temps. Elle est également contrariée si je sors la nuit, en raison de ce qu’elle considère comme un comportement inapproprié. Et c’est à cause de ce comportement que ma mère m’a envoyée en ville pour que j’apprenne des leçons, bien que mon père fût réticent. Malgré tout, ma patronne m’achète des chaussures et des vêtements, me donne de l’argent pour les fêtes, et veille à ce que je sois bien nourrie et logée. »

Des conditions de travail souvent inacceptables

Fanta Bengaly, gestionnaire, souligne : « les aides ménagères que j’ai employées n’ont généralement duré qu’un ou deux ans. La plupart d’entre elles ont un comportement problématique, mais je les ai gardées malgré tout, car 90 % de ces jeunes n’ont pas de bonne conduite. Après une journée de travail difficile, elles préfèrent se promener plutôt que de se reposer. Elles dorment souvent hors de leur lieu de travail, ce qui peut entraîner des grossesses non désirées. Beaucoup risquent leur vie en avortant, tandis que d’autres choisissent de rester en ville, abandonnant leur village d’origine. »

Koumousso Traoré, enseignante, précise que ces jeunes femmes sont des enfants d’autrui qui viennent travailler pour subvenir à leurs besoins et méritent d’être traitées comme nos propres enfants. Cependant, beaucoup d’entre elles perdent de vue leur objectif initial en arrivant en ville. Elles ne tiennent pas compte des instructions de leurs employeurs, et, lorsqu’elles sont réprimandées, elles préfèrent quitter leur poste plutôt que d’accepter la correction.

Fatoumata Sow, commerçante, témoigne : « lorsque j’ai engagé une aide-ménagère, j’ai constaté qu’elle était sérieuse et bien éduquée, ce qui a grandement contribué à établir une relation de confiance. Aujourd’hui, elle est considérée comme un membre de ma famille, et le jour où elle quittera ma maison sera significativement le jour de son mariage »

Dans les rues

La grande ville attire de nombreuses aide-ménagères, qui espèrent un avenir meilleur en y cherchant de meilleures opportunités. Cependant, beaucoup d’entre elles se retrouvent enceintes ou adoptent des comportements de mœurs légères. Ces situations compliquent leur retour dans leurs villages d’origine, la réalité dans une grande ville sont différentes de celles de leurs contrées.

Bouba Maiga, boutiquier à Darussalam, souligne que beaucoup passent leurs journées à vendre des fruits, légumes et arachides dans les rues, s’éreintant jusqu’à la nuit, elles peuvent être exposer face au Violence faite aux Femmes.

Après le retour au village

Revenir au village peut être une source de joie ou un véritable cauchemar pour certaines jeunes. À l’approche de la fête de Tabaski ou des premières pluies, nombreuses sont celles qui retournent au village pour se marier ou participer aux travaux agricoles.

Kadiatou Dienta, 17 ans, du cercle de Djéné, explique : « mon souhait était de retourner au village avec dignité, mais ma patronne m’a demandée de rester jusqu’à l’ouverture du rentré scolaire, et mes parents ont accepté cette décision. »

Quant à Sitafouné Diarra, du cercle de Bla, a commencé à s’adapter à la vie en ville, elle a cherché un moyen de se marier à Bamako, car elle ne supportait plus cette existence. 

Maimouna Daou, elle souhaite retourner au village, mais elle est préoccupée par la situation de sa fille. Elle explique : « j’ai une belle fille ici à Bamako, et je ne sais pas comment la présenter à mes parents. Je suis inquiète car le père de l’enfant n’a pas assumé ses responsabilités, et j’ai dépensé tout mon argent. Chez nous à Miniakala, ces actes sont impardonnables, surtout que je suis fiancée, de toute les façons je vais essayer de rentrer chez moi, faute de meilleure option. »

Un besoin de protection

Ces jeunes filles issues de villages éloignés travaillent actuellement pour une rémunération souvent insuffisante, qui ne reflète ni la valeur ni la difficulté de leur travail. Le respect des droits de ces travailleuses reste un défi majeur pour les acteurs de la protection des droits humains, en particulier pour les pouvoirs publics, confrontés à des problèmes tels que le travail des enfants, la durée excessive des journées de travail et des salaires dérisoires ; la solution aux problèmes des aide-ménagères passe par une prise de conscience nationale et la mise en place d’un environnement protecteur souligne un membre de l’association CAREdomestic .

Des rémunérations dérisoires pour un travail ardu

Autrefois, elles recevaient un salaire mensuel de 5 000 à 10 000 F CFA, mais avec la hausse du coût de la vie, ce montant est passé à 15 000, 20 000, voire 30 000 F CFA. Certains employeurs peinent désormais à assumer cette charge. À Bamako, rares sont les familles qui peuvent se passer des services des aide-ménagères, qui jouent presque le rôle de maîtresse de maison. Cependant, ces travailleuses rencontrent généralement de grandes difficultés dans l’exercice de leur métier.

Il est indéniable que ces jeunes filles rencontrent des difficultés dans leur travail. Cependant, il est également important de noter que toutes les aide-ménagères n’ont pas un comportement irréprochable. Malgré cela, elles méritent des conditions de travail dignes et respectueuses.

Kadiatou Traore

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