Le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Colonel Sadio Camara, a fait une brillante sortie le 15 août 2023 à la 11e conférence de Moscou (Russie) sur la sécurité internationale. Dans une communication intitulée «Les enjeux stratégiques en Afrique de l’ouest et au Sahel dans un monde en mutation : Quelle place pour le Mali ?», il a mis en évidence la manière dont notre pays est devenu la principale victime «d’une stratégie de déstabilisation» du Sahel orchestrée par l’effondrement de la Libye à cause de l’intervention militaire de l’OTAN. Il a exhorté les jeunes Africains à se mobiliser pour freiner le funeste projet des puissances impérialistes qui menace la stabilité de nos pays, donc leur avenir.
«Alors que l’Afrique reste totalement inaudible sur les grands problèmes mondiaux, les puissances étrangères continuent de dicter les modes de gestion des problèmes africains. Leur complexe de supériorité et leur arrogance ne cessent de frustrer nos populations et d’humilier nos gouvernants» ! Le rappel est du ministre de la Défense et des Anciens combattants (MDAC), Colonel Sadio Camara, lors de son intervention le 15 août 2023 à la tribune de la 11e conférence de Moscou sur la sécurité internationale.
Dans une communication intitulée «Les enjeux stratégiques en Afrique de l’ouest et au Sahel dans un monde en mutation : Quelle place pour le Mali ?», il a mis en évidence la manière par laquelle notre pays est devenu la principale victime «d’une stratégie de déstabilisation» du Sahel orchestrée depuis l’effondrement de la Libye à cause de l’intervention militaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). Selon le ministre Camara, il était opportun et important de rappeler, devant «cette audience éclairée», la nature des menaces et des défis liés à la sécurité en Afrique. Cela était en effet indispensable pour mieux comprendre «les raisons de l’échec des initiatives de coopération militaire expérimentées pour les maîtriser».
Pour le MDAC, cet éclairage permet «d’ébaucher la vision malienne des solutions et stratégies appropriées pour corriger notre trajectoire collective». Et cela d’autant plus que, a précisé Colonel Sadio Camara, «notre région est confrontée à une violence d’une rare portée dans son histoire qui se manifeste par des agissements de certains acteurs internes et externes». Ceux-ci (criminels) sont classés (selon leurs motivations) en groupes armés terroristes (GAT), groupes criminels transnationaux ou groupes hybrides à tendance sécessionniste. Ces organisations criminelles ont toutes en commun «cette volonté d’encourager et d’instrumentaliser des crises de coexistence communautaire dont elles se nourrissent».
Des crises qui se nourrissent de l’élargissement du fossé des inégalités dans nos Etats
Pour autant, ces phénomènes néfastes ne sont que des «symptômes superficiels» d’un mal dont la racine est bien plus profonde. «Tout d’abord, nous devons reconnaître nos problèmes internes de gouvernance. Les jeunesses africaines se sentent marginalisées par des dirigeants qui ne leur ressemblent pas, ne vivent pas comme eux, ne comprennent ni leurs problèmes ni leurs aspirations. Les politiques publiques mises en œuvre ne correspondent pas aux besoins des peuples, et les élites sont en décalage croissant avec ceux qu’elles sont censées représenter», a diagnostiqué Sadio Camara.
Malheureusement, au lieu de se rétrécir, le fossé des inégalités s’approfondit chaque jour davantage. Un décalage que le ministre de la Défense a expliqué par «le fonctionnement de nos jeunes États africains qui est encore marqué par l’héritage des sombres périodes d’humiliation et de domination étrangère». Ainsi, a-t-il indiqué, «la barbarie des siècles d’esclavage et de colonisation, et la perfidie des postures universalistes de la période néocoloniale actuelle ont laissé des traces. Sous prétexte de politiques libérales d’ajustement structurel, les systèmes éducatifs africains ont été détruits et les systèmes de sécurité ont été désarmés par l’ancien maître désormais reconverti en partenaire stratégique».
Malheureusement, a déploré le jeune officier, «ce même partenaire stratégique, qu’il agisse seul ou en bande organisée, continue de renforcer sa domination et à entretenir la dépendance. Toujours disposé à donner des leçons d’humanité, il s’appuie sur des leaders qu’il manipule pour ses intérêts souvent liés à l’exploitation des ressources naturelles. Il allume des incendies ravageurs qu’il fera ensuite semblant de venir éteindre, en proposant des solutions miracles».
Motivés par la volonté de reconquérir la souveraineté du Mali
En prenant réellement le pouvoir en faveur de la rectification de la transition intervenue le 24 mai 2021, les «Colonels» ont manifesté leur volonté de soustraire le Mali à ce diktat en imposant de nouveaux principes de partenariat. «Notre peuple a décidé de reprendre son destin en main et de construire son autonomie avec des partenaires plus fiables, plus sincères, dont les intérêts sont transparents et clairement exprimés dans le cadre d’une relation gagnant-gagnant», a insisté le ministre Camara, tout en manifestant sa reconnaissance à la Fédération de Russie pour sa «coopération solide et efficace».
Pour le Colonel Sadio Camara, cette collaboration a permis à Bamako d’engranger des «résultats spectaculaires» dans le domaine sécuritaire ayant permis d’adopter une nouvelle Constitution et devant aboutir à des élections prévues dans quelques mois pour mettre fin à la transition. «Jugé inquiétant pour une certaine classe dirigeante mondiale, le combat du Mali pour sa dignité et sa liberté est pris en exemple par tous les peuples du Sahel, d’Afrique de l’ouest et de l’Afrique entière», a déclaré le ministre Camara. Et d’ajouter, «ce que le Mali fait à sa modeste échelle, les pays africains peuvent le faire en grand, ensemble, et nul ne pourra y résister, ni de l’intérieur, ni de l’extérieur. Les peuples l’ont compris, il reste aux dirigeants de suivre leur exemple».
Dans sa communication, le Colonel Sadio Camara n’a pas manqué de fustiger «l’incurie des organisations régionales, incapables de trouver des solutions, mais promptes à condamner, menacer, sanctionner, voire attaquer militairement les peuples libres». Aujourd’hui le défi, selon le Colonel Camara, c’est d’engendrer «la création de nouvelles formes d’alliances basées sur la perception d’une communauté de destin et prêtes à se structurer et à concurrencer l’architecture existante». Certes «le chemin reste long et tortueux», a-t-il reconnu. Mais, a-t-il assuré, «nous sommes résolument optimistes, car l’ambition de redressement et de refondation de l’Afrique dépasse toute autre considération».
Et de conclure en lançant un appel à «la jeunesse africaine, fière et combative, prête à résister à la domination injuste». C’est naturellement à ce fer lance de l’émancipation des peuples de se lever pour «défendre ses intérêts et son honneur car personne d’autre ne le fera». Gageons que la génération consciente d’Afrique saura réellement assumer «cette responsabilité générationnelle» !
Moussa Bolly