En 2022, le Mali a été classé 2e producteur africain de riz. Et cela malgré les menaces sécuritaires qui ont sérieusement entravé la campagne agricole dans les zones de production, celles du centre notamment. Cette performance est le signe que la filière riz a connu ces derniers temps une ascension fulgurante grâce notamment aux efforts consentis dans l’aménagement des surfaces cultivables pendant les deux mandats de feu le président Amadou Toumani Touré dit ATT. Curieusement, malgré cette forte production ascendante, le gouvernement continue d’exonérer le riz importé.
Le Mali est classé 2e producteur de riz africain derrière le Nigeria avec une production record de plus de 2 millions de tonnes contre plus de 3 millions pour le Nigeria. Et cela malgré les menaces sécuritaires (paysans empêchés de cultiver, récoltes brûlées…) qui ont sérieusement entravé la campagne agricole dans les zones de production, celles du centre notamment. Une ascension fulgurante enregistrée en faveur du développement de la riziculture amorcée durant le règne de feu le président Amadou Toumani Touré «ATT» qui a beaucoup investi dans les aménagements agricoles et la mécanisation des moyens de production.
Doit-on pour autant se réjouir de cette performance ? La question ne se serait pas posée si notre pays ne continuait pas d’exonérer des quantités importantes de riz importé. Et cela sans que le consommateur ne ressente réellement l’impact de cette politique sur le prix de vente. Malheureusement nous continuons à importer des quantités énormes de cette céréale sèche. Et le riz importé est plus compétitif que notre production locale ! C’est exactement là où le bât blesse. Il est donc temps de mettre fin à cette pratique en réfléchissant à une meilleure stratégie de commercialisation de la production céréalière nationale afin qu’elle puisse surtout profiter aux paysans et aux consommateurs et non à des opérateurs économiques véreux.
Il ne suffit plus de produire seulement en abondance. Il faut aussi trouver les moyens d’approvisionner suffisamment les marchés urbains et à des prix raisonnables. Tout comme, selon des observateurs, il serait judicieux d’encadrer les paysans pour améliorer la qualité du produit fini et vendu. Selon eux, le riz local est handicapé par la présence d’impuretés (cailloux et autres impuretés) et d’un taux élevé de brisures.
Des défis énormes à relever pour tirer profit des performances de la filière rizicole
«Le riz produit localement est en outre jusque-là mal présenté», entend-t-on souvent. Autant dire qu’il faudra relever d’énormes défis pour tirer tous les dividendes de la performance de notre filière rizicole. A commencer par formaliser les relations d’affaires entre paysans et opérateurs économiques qui sont toujours dans l’ordre de l’informel. Cela passe par un appui concret à nos riziculteurs pour les aider à reconquérir leur marché en améliorant la qualité de leur produit. Il faudra aussi amener les producteurs de riz et les commerçants/distributeurs des marchés urbains et institutionnel à tisser des relations formelles plus durables et inclusives afin de faciliter l’approvisionnement régulier en riz et sécuriser les revenus des producteurs
Selon des experts de l’agrobusiness, l’interprofession n’a été mise en place qu’en 2016. Elle est donc jeune et a besoin de soutien pour fonctionner correctement et jouer véritablement son rôle, notamment dans le contrôle de qualité par la définition de normes de production du riz, la répartition des marges entre les acteurs, l’instauration d’un espace de dialogue de référence sur les politiques sectorielles…
Et tous ces efforts seront vains si les autorités maliennes ne prennent pas conscience qu’il faut impérativement prioriser le riz local pour la satisfaction des besoins de la population malienne. Et l’une des meilleures stratégies en la matière est de mettre fin à la politique d’exonération. Et cela d’autant plus que l’expérience prouve que cela ne profite qu’aux importateurs qui ont le monopole du marché et qui reviennent vendre le riz au prix qui leur convient sans crainte de répression du gouvernement.
Aujourd’hui, les autorités maliennes ont toutes les raisons de faire une priorité la compétitivité du riz made in Mali. Et le fait que le riz produit local soit très apprécié des consommateurs maliens est un atout indéniable. Le défi c’est d’agir maintenant de telle sorte que nos braves riziculteurs puissent réellement bénéficier de prix rémunérateurs tout en tenant compte du pouvoir d’achat du Malien lambda.
Moussa Bolly