Accueil Insécurité Face à l’hostilité algérienne : La solidarité mesurée de l’AES, le patriotisme biaisé des Maliens

Face à l’hostilité algérienne : La solidarité mesurée de l’AES, le patriotisme biaisé des Maliens

by Nandi
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Le résultat des enquêtes sur l’incident de drone à Tin-Zeouaten ont finalement conclu à une responsabilité algérienne que les pays de l’AES ont condamnée sans toutefois s’associer à la plainte du Mali contre l’Algerie à l’international. Quant à l’opinion nationale, elle n’a pas bougé de son apathie devant un sujet qui lui aurait inspiré plus d’intérêt si la symbiose avec les autorités était au rendez-vous comme naguère.

L’Algerie aura longtemps été épargnée par l’affirmation des préceptes et principes fondamentaux qui guident la confédération AES, annoncée à son avènement comme un enviable exemple de solidarité diplomatique. Mais, la retenue posture qu’imposait la singularité algérienne aux autres composantes de la confédération, à défaut d’être totalement rompue, vient d’être nuancée, au moment où nous mettions sous presse, par une réaction du Collège des Chefs d’Etat de la confédération sahélienne, dont le mutisme n’a que trop longtemps contrasté avec la promptitude des pays à se serrer les coudes lorsqu’il s’agit de la CEDEAO, de l’ONU, de la France ou encore de l’Ukraine. Dans une déclaration commune, en effet, les pays de l’AES affichent leur solidarité à l’endroit du Mali et dénoncent une attitude hostile de l’Algerie d’où leurs diplomates respectifs seront rappelés pour consultation, en guise de protestation contre la destruction d’un drone malien sur leur territoire commun d’opérations anti-terroristes. Se référant aux conclusions de l’enquête précédemment promise et menée par la partie malienne sur l’incident, le Collège des chefs de l’Etat n’a pas poussé la solidarité au point de s’associer à une plainte annoncée contre l’Algérie dans un communiqué parallèle porté par Bamako. Toutefois, l’attitude d’Alger est jugée d’autant plus «irresponsable» que l’appareil abattu avait pour mission de neutraliser des groupes terroristes.

Ça n’est pas la première fois que la solidarité entre pays de l’AES est éprouvée par le facteur algérien. À peine prônée, l’unicité diplomatique du nouvel espace confédéral se heurtait déjà au puissant mur algérien lors des premiers quiproquos consécutifs à la résiliation unilatérale de l’Accord d’Alger par les autorités de transition et la gestion de l’équation de Kidal par la force. C’est ainsi qu’en s’insurgeant contre le refus d’Alger de reconnaître l’identité terroriste des mouvements armés, les pouvoirs maliens de transition assimilaient la posture algérienne à une ingérence malencontreuse dans les affaires internes du Mali. Elles s’y étaient prises notamment par une dénonciation d’une exceptionnelle tonalité. Sauf qu’à la différence d’accusations de même portée, endossées par l’ensemble des trois pays sahéliens, les diatribes anti-algériennes n’avaient été portées en son temps que par les seules autorités maliennes alors que l’Algerie était logée à la même enceinte de connivence pro-terroriste ayant valu à l’Ukraine les tirs croisés des pays sahéliens. Le scénario ne se reproduit certes pas dans les mêmes proportions aujourd’hui, mais la solidarité semble manifestement mesurée et vraisemblablement assez dosée pour prendre en compte la réalité des intérêts bilatéraux de chaque pays.

Aucune commune mesure, néanmoins, avec le fléchissement apparent de l’ardeur patriotique naguère prononcée au point de dégager les relents chauvins. Devant la situation, en effet, le patriotisme des Maliens a laissé apparaître des signes évidents d’essoufflement, à mesure que les autorités actuelles cessent de l’incarner au fil de leur déconnexion d’avec les attentes populaires. En dit long, en tout cas, une posture de l’opinion qui frise l’indifférence devant la perte d’un arsenal aussi coûteux, précieux et stratégique de l’armée malienne a Tin-Zeouaten. Il ne s’agit pourtant pas d’un banal incident, mais d’une déclaration de guerre à peine voilée de la part du voisin algérien, qui affirme avoir abattu un appareil ayant empiété sur son territoire de deux kilomètres à peine. Faux, rétorque le porte-voix des FAMa, en la personne du responsable des relations publiques des armées. Selon ce dernier, en effet, l’appareil en question était bel et bien en territoire malien, une affirmation finalement confirmée par les conclusions de l’enquête promise par la partie malienne sur les circonstances du crash. Pas de quoi rallumer cette fierté nationale que les populations, naguère encore, avait coutume d’afficher de façon spontanée et ostensible, chaque fois qu’elles ont senti un front patriotique se découvrir. Face au récent épisode du drone, on aura constaté plutôt une rétivité aussi étrange qu’intrigante des Maliens pendant que l’hostilité du côté du gênant voisin n’a jamais été aussi affirmée et ouverte. Hormis quelques timides réactions d’activistes plus attachés à leurs intérêts propres qu’à une réelle cause patriotique, l’engouement et l’ardeur pour la cause nationale n’auront pas répondu à la hauteur de l’insolent aveu des autorités algériennes, surtout que même les officiels maliens ont opté pour une posture moins tranchante que jadis, lorsqu’ils promettaient la réciprocité en réaction à la moindre action hostile. Au lieu de quoi, l’épisode du drone s’est finalement limité à une posture victimaire, avec une plainte à l’international peu propice à briser une indifférence qui semble inspirée d’une nette rupture de confiance entre le peuple dépositaire de la souveraineté nationale et ceux qui en forcent l’incarnation

I KEÏTA

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