Selon de nombreuses enquêtes sur le sujet, l’exploitation artisanale et à petite échelle est unanimement considérée comme étant à l’origine de la perte annuelle des milliards de dollars par les Etats africains, dont le Mali, dans le secteur aurifère. En 2017, par exemple, la majorité de la production d’or artisanale et à petite échelle du Mali, du Burkina Faso et du Niger était encore exportée illégalement, d’après un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Au cours du métal jaune à l’époque, cela représentait, apprend-on, une valeur de plus de 2 milliards de dollars. Le Mali, à lui seul, perd chaque année 15 tonnes d’or qui sont exportées illégalement, soit environ 900 millions de dollars.
Plus récemment, dans son rapport intitulé «Le trafic de l’or des zones de conflit» (publié en février 2021), l’ONG américaine «The Sentry» a indiqué que 4 milliards dollars d’or quittent chaque année les pays d’Afrique centrale et de l’Est de façon illégale. «Les chiffres donnent le vertige, mais fournissent aussi une estimation des sommes que les Etats concernés pourraient récupérer si toute cette production illégalement exportée empruntait des circuits formels», commente un confrère. Les pertes portent sur les réserves de devises étrangères, des taxes à l’exportation… Malheureusement, déplorent des experts, des frontières nationales poreuses et des centres internationaux de négoce d’or laxistes (par rapport à l’origine du métal jaune) continuent d’alimenter la contrebande.
Moins connu du grand public que le «Burj Khalifa», le souk de l’or de Dubaï (ville la plus célèbre des Emirats arabes unis) est (selon plusieurs rapports) la destination initiale de l’or sorti illégalement du Soudan, du Mali, du Burkina Faso, de la RDC et de tous les autres producteurs africains victimes de la contrebande. Selon des données de Comtrade, analysées dans le cadre d’une enquête par Reuters (agence de presse), les importations d’or des Emirats en provenance d’Afrique sont passées de 67 tonnes en 2006 à 446 tonnes, dix ans plus tard, pour une valeur totale de 15,1 milliards de dollars.
En 2016, le pays est même passé devant la Chine, premier importateur d’or en provenance d’Afrique pour 2015, en important quasiment le double des 8,5 milliards d’or achetés par l’Empire du milieu. L’enquête publiée en 2019 note un écart de 3,9 milliards dollars entre ce que les Emirats affirment avoir importé de 21 pays africains et ce que ces pays ont exporté officiellement vers l’Etat fédéral de la péninsule arabique.
Peu de choses ont malheureusement changé depuis la publication de cette enquête puisque en février 2021, le rapport de «The Sentry» a de nouveau présenté les Emirats arabes unis comme la première destination de l’or de contrebande exporté d’Afrique, avant son transport vers d’autres marchés internationaux.
Moussa Bolly
Avec : businessnewsafrica
Les orpailleurs s’engagent à faire briller l’or pour le Mali
Tout mettre en œuvre«pour que l’or brille pour tous les Maliens» ! Telle est la promesse faite au Premier ministre par la Fédération nationale des orpailleurs du Mali (FNOM) lors d’une audience jeudi dernier (18 avril 2024) à la Primature. Ils étaient une centaine de membres à faire le déplacement sous la direction de Seydou Kéita.
Il s’agissait avant tout de présenter le nouveau bureau au chef du gouvernement, de l’informer sur le renouvellement des bureaux régionaux et locaux et d’apporter son soutien aux décisions prises par les autorités de la Transition. Profitant de l’occasion, M. Kéita a engagé sa fédération à œuvrer à la reconquête économique du pays à travers l’orpaillage. «La route menant à ce défi est épineuse du fait de l’exploitation illégale, la détérioration de l’environnement, le travail des enfants mineurs dans l’orpaillage, le non-recensement des orpailleurs, la non-détention de papiers administratifs par les orpailleurs», a déploré le président de la Fenom.
D’où l’indispensable accompagnement de l’Etat en termes d’amélioration de la régulation pour lutter contre ces fléaux et l’exploitation illégale des ressources minières, notamment par les sociétés étrangères qui procèdent à «l’exportation illégale de l’or en faisant décoller de petits avions directement des sites miniers vers l’extérieur».
Dans certaines communes, a précisé Seydou Kéita, il existe plus de cent sites d’orpaillage d’où les orpailleurs produisent plus que les quinze mines officielles en activité réunies. «L’Etat gagnerait donc à garder un œil vigilant sur la situation», a-t-il suggéré. Et cela d’autant plus que notre pays perd chaque année d’importantes ressources financières dans le secteur des mines. Selon le Premier ministre, le président Assimi Goïta, «garde un œil vigilant sur la situation de l’exploitation non seulement de l’or, mais aussi des mines partout au Mali». Il leur a donné l’assurance que, sous la direction du Chef de l’Etat, «le pillage des ressources minières par les sociétés étrangères et l’organisation de l’orpaillage changeront complètement grâce à la régulation et au contrôle».
Naby