
La Semaine de la jeunesse contre la corruption, lancée dans le cadre du thème « 20 ans de la Convention des Nations Unies contre la corruption : Unissons le monde contre la Corruption », a tenu sa 8ème édition du 19 au 26 février 2024 à Bamako au CICB et dans plusieurs régions du Mali (de Kayes, Sikasso, Ségou, Mopti et Gao). Cette initiative a été soutenue par le Projet d’appui à la Lutte contre la Corruption pour et par le Genre (LUCEG), initié par les Communautés de Pratique en matière de Lutte contre la Corruption (CPLC) en partenariat avec l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI). La cérémonie d’ouverture, présidée par le Ministre de la Refondation, chargé des Relations avec les Institutions, a réuni diverses personnalités nationales et internationales, dont le président de l’OCLEI, le maire de la commune III, le représentant du Canada au Mali, le directeur du Projet LUCEG, ainsi que des délégations de haut niveau de différents pays partenaires (Gabon et République démocratique du Congo).

La corruption a des impacts négatifs sur tous les aspects de la société. Elle compromet le développement social et économique et sape les institutions démocratiques et l’Etat de droit. Elle est le principal obstacle au développement économique et social dans le monde.

L’objectif visé par cette 8ème édition de la Semaine de la jeunesse contre la corruption est de contribuer à la lutte contre les pratiques corruptives et discriminatoires qui affectent les droits des filles et des femmes et des autres personnes vulnérables à travers l’organisation à grande échelle d’activités de sensibilisation, de communication et de plaidoyer. Cette édition est une activité phare du projet qui tire ses origines de l’ancien projet JUPREC, notamment du volet gestion de l’intégrité et lutte contre la corruption, géré par l’ENAP. En effet, c’est dans le cadre de l’exécution de ce projet que la Semaine de la jeunesse a été initié et institutionnalisée par les OSC de lutte contre la corruption et les associations de défense des droits des femmes.

Quant à la présidente de la CPLC, Mariam Diama Sanogo, le thème choisi de cette année met en lumière l’importance cruciale de la coopération internationale et du renforcement des synergies entre tous les acteurs engagés dans cette lutte. C’est ensemble, en tant que communauté nationale et internationale, que nous pouvons relever les défis et construire un avenir meilleur pour le Mali.

Lors de son discours, le Ministre de la Refondation, chargé des Relations avec les Institutions, Ibrahim Ikassa Maiga, a souligné ’’qu’une récente estimation de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique révèle que notre continent perd plus de 50 milliards de dollars (soit plus de 30 400 milliards de FCFA) chaque année en raison des flux financiers illicites. En ce qui concerne le Mali, le Président de l’OCLEI a présenté les résultats d’une étude basée sur les rapports des organes de contrôle du pays, révélant que de 2005 à 2019, l’État a subi des pertes de 1 266 milliards de FCFA suite à des détournements de fonds publics, des fraudes aux marchés publics, des gaspillages et des détournements de biens de l’État. De plus, le président de l’OCLEI a souligné qu’une autre étude menée par le Justice, prévention et réconciliation pour les femmes, mineurs et autres personnes affectées par la crise au Mali (JUPREC), a conclu que 86% des jeunes maliens sont prêts à se livrer à la corruption dès que l’opportunité se présente. Ces chiffres alarmants suscitent une profonde inquiétude et exigent une action collective’’.

Selon le Dr. Moumouni Guindo, la Banque africaine de Développement (BAD) estime que la corruption entraîne une perte annuelle de 148 milliards de dollars, soit environ 25% du PIB de l’Afrique. De plus, l’ONUDC indique qu’à l’échelle mondiale, chaque année, environ 1 000 milliards de dollars sont versés en pots-de-vin, tandis que plus de 2 600 milliards de dollars, représentant plus de 5% du PIB mondial, sont détournés. La présence fraternelle de la République démocratique du Congo et du Gabon à Bamako pour assister à cette 8ème édition témoigne de leur engagement à s’inspirer de cet événement et éventuellement à le reproduire dans leurs pays respectifs. Ensemble, avec un effort conjoint de nos trois pays, il est envisageable de porter ce projet à l’échelle régionale et mondiale.

Selon Jean Paul Riverain, le LUCEG vise principalement à contrer les pratiques corruptives et discriminatoires qui alimentent les injustices et les inégalités entre les hommes et les femmes au sein de la société malienne, à travers ses deux composantes, à savoir la composante Société Civile et la composante OCLEI.

Ce projet, centré sur la lutte contre la corruption en faveur de l’égalité des genres, agit en tant que partenaire technique et financier de la CPLC. Financé par Affaires Mondiales Canada (AMC), le projet LUCEG est réalisé en étroite collaboration avec l’École Nationale d’Administration Publique du Québec (ENAP).
Youma A Cissé