L’épineuse question à géométrie variable (selon les intérêts et la volonté des puissances occidentales) demeure aujourd’hui le seul moyen de pression de la communauté internationale sur le Mali. Et cela depuis la brouille entre Paris et Bamako qui coule une parfaite lune de miel avec Moscou. Et pourtant, en la matière, il faut être vraiment de très mauvaise foi pour ne pas voir les énormes efforts consentis par le Mali pour se conformer à ses engagements nationaux et internationaux. C’est ce que le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme à démontrer le 2 mai 2023 à Genève (Suisse) à l’occasion de la présentation du 4e rapport national de notre pays lors de la 43e session du groupe de travail sur l’examen périodique universel.
Un attachement qui s’est toujours traduit par des efforts constants en faveur de l’amélioration de la protection des droits humains dans notre pays. C’est par exemple le cas, a rappelé le ministre Mamoudou Kassogué, de l’adoption d’une politique nationale de réparation en faveur des victimes des crises au Mali depuis 1960 et son Plan d’action 2021-2025. Tout comme la création de l’Autorité de gestion des réparations des préjudices en faveur de victimes des crises est une parfaite illustration de cette volonté politique.
Dans le domaine de l’accès à la justice, des améliorations significatives ont été également enregistrées à travers la poursuite des réalisations d’infrastructures dans le cadre de la mise en œuvre de la nouvelle Carte judiciaire du Mali visant à rapprocher davantage l’administration judiciaire du justiciable.
«L’amélioration des droits de tous les citoyens, y compris ceux en situation de privation de liberté, fait partie des priorités du gouvernement du Mali», a rappelé le ministre Kassogué à Genève. A cet égard, notre pays a construit et équipé (sur le budget national à hauteur de 11 549 853 125 F Cfa) la Maison centrale d’arrêt de Kénioroba qui respecte les normes internationales en matière de détention. Quatre Maisons d’arrêt (Kimparana, Markala, Diéma et Banamba) ont été réhabilités sur le budget national et 30 autres l’ont été avec l’appui des partenaires du pays.
«Ces efforts contribuent à l’amélioration substantielle des conditions carcérales», a assuré le ministre de la Justice. Comme effort du gouvernement, il faut aussi souligner le recrutement de 100 auditeurs de justice et 125 surveillants de prison pour renforcer les capacités du secteur de la Justice. Des efforts seront poursuivis cette année. Ces derniers temps, le gouvernement a également manifesté sa volonté de poursuivre toute personne coupable de crime contre les forces internationales au Mali. Ainsi, en janvier dernier, une personne a été reconnue coupable de l’attaque ayant coûté la vie à 5 Casques bleus et une personne civile, le 22 janvier 2019.
L’instruction et le jugement de beaucoup d’autres dossiers de violations se poursuivent, à travers notamment l’organisation de sessions spéciales d’Assises consacrées aux violations graves des droits de l’Homme. «Dans le domaine de l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes, les efforts considérables déployés par le gouvernement, conformément à la loi de 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives, ont notamment permis d’améliorer la représentativité des femmes. Ainsi, la proportion de femmes membres du Parlement est passée de 9,52% en 2013 à 28,57% en 2020», a défendu Mamoudou Kassogué.
Depuis février 2023, le Mali dispose aussi d’une Direction nationale des Droits de l’Homme qui est chargée d’exécuter les missions de l’Etat en matière de promotion et de protection des droits humains… Elle va contribuer à améliorer davantage le processus d’élaboration des rapports ainsi que le suivi et la mise en œuvre des recommandations des organes de traités. Au niveau du ministère de la Défense et des anciens, des efforts louables sont faits pour le respect des droits de l’Homme et du droit international humanitaire. Doté d’une justice militaire, la lutte contre l’impunité est son cheval de bataille. La justice militaire engage des procédures judiciaires contre ceux qui ne respectent pas les règles d’un état de droit. Des enquêtes judicaires crédibles et transparentes, les ordres de poursuite à l’encontre des militaires, les différentes audiences tenues par les tribunaux militaires, en sont une illustration.
Avec tous ces efforts consentis, il est surprenant que le Mali soit encore fréquemment indexé par des organisations et des pays qui tentent de ternir son image par des allégations mensongères de violation des droits humains. En la matière, aucun pays n’est irréprochable et notre pays fait autant d’effort que ces Etats et organisations qui s’acharnent sur lui depuis la rupture de la coopération militaire avec la France et le réchauffement de l’axe Bamako-Moscou. «Toutefois, nous regrettons tout autant que nous rejetons les velléités d’instrumentalisation et de politisation qu’en font certains partenaires à des fins inavouées», a dénoncé le ministre de la Justice en faisant allusion à cet acharnement à ternir l’image du Mali et à saper le moral de la troupe sur le front contre le terrorisme.
Le Colonel-major Ismaël Wagué (ministre de la Réconciliation nationale) a précisé, lors des débats sur la création de la Direction nationale des droits de l’Homme, que ceux-ci ont toujours été «une question prioritaire» de l’État. Comme l’a rappelé Mamoudou Kassogué, «l’insécurité est le principal facteur de violation des droits» au Mali et non le manque de volonté politique. Et au lieu de s’acharner à vouloir discréditer notre pays à tout prix, nos partenaires doivent plutôt orienter leurs «actions vers le rétablissement de la paix».
Et naturellement, comme l’a si bien rappelé le ministre Kassogué à la Tribune de Genève, notre pays reste ouvert à tout partenariat international. Mais, sous réserve de leur conformité aux principes qui guident désormais l’action publique au Mali ; à savoir le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques et de partenaires opérés par le Mali et la prise en compte des intérêts vitaux du peuple malien dans les décisions prises.
Hachi Cissé
Le Matin